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L'exposition "2087" a eu lieu du 7 mars au 1er avril 2007 à La Maroquinerie à Paris; mêlant peinture, littérature, musique et vidéo.
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C’est marrant, quand même, quand on y pense. On nous dit que finalement y’a pas beaucoup de morts, et à chaque fois, j’avais l’impression du contraire. Et puis, y’a ce truc, aussi : on vous fait passer ces types –les soldats – pour des héros alors que ce sont juste des gens comme vous et moi. Des mecs qui pissent dans leur froc parce qu’ils ont vu leur pote de régiment se faire étriper ou décapiter, ou n’importe quel truc dans le genre. Alors, forcément, les mecs, ils flippent et pas qu’un peu. Qui en ferait pas autant ?
Pourtant, quand on regarde la télé, ces mecs, on nous jure qu’ils ont peur de rien, qu’ils contrôlent tout et que rien ne leur échappe. Sauf que justement, tout leur échappe et ils ne contrôlent rien. Pour un peu, la guerre à la télé, ça serait presque beau. Vous savez un peu comme un film : émotion, passion, rebondissement avec un peu de chance et fin tragique. Merde, en fait c’est encore mieux qu’un film. Sauf que là, les mecs clamsent pour de bon. Sauf que cette fois, c’est du voyeurisme légalisé, hautement recommandé même. C’est la vie. On te dit « vas-y, vas faire le bon patriote – comprenez le guignol, le pantin, ma voix électoral et mon argent de poche – et quand tu reviendras, promis, tu seras un héros chez toi ». Alors le mec y croit, et puisque la télé le dit, tous les autres sont un peu des enculés qui méritent qu’une seule chose : d’être zigouillés. Donc le gars y va, et quand il revient – s’il revient – y’a tout le gratin son patelin qui l’attend pour la réception et tous l’applaudissent, parce que putain, c’est beau ce qu’il a fait : se farcir ces gars pour son pays. Seulement, il pige pas. Il a le cul cloué sur son fauteuil roulant et deux jambes en moins et voir les autres applaudir, ça lui laisse comme un goût de merde dans la bouche. Lui, tout ce dont il se souvient, c’est ces mômes, ces pères et ces mères qu’il a dû tuer, un par un, parce que c’était comme ça que ça devait se passer, parce que c’étaient les ordres. Et qu’aux yeux de l’opinion, cette putain de nouvelle guerre devait rester propre.
Franchement, de vous à moi, il vous est déjà arrivé de trouver une guerre « propre » ?
Part I : le début de ton aliénation



Il y avait un champ de fleurs. Des coquelicots. Rouges comme le sang, rouges comme la vie. Et le soleil couchant, brûlant l’horizon de son éternité. La télé disait que ce n’était pas si grave, qu’il fallait bien ça pour tuer le Mal. Que toutes ces bombes, que tous ces cracheurs de flammes n’étaient que des bibles déposées sur leurs tombes. Qu’un beau jour, tout finirait par rentrer dans l’ordre.


Mais tout ne rentra pas dans l’ordre.



Les gens ne comprenaient plus ces crachats. Ces pleurs. Les jeunes se levèrent en premier. Puis les anciens guerriers les accompagnèrent. La foule devint de plus en plus grande, envahissant les rues de son cortège de rébellion. Ils voulaient que les enfants rentrent à la maison.


Mais ils ne rentrèrent jamais  à la maison.



Jimmy était l’un de ces manifestants.
Il avait vingt ans. Des rêves de paix coulaient dans ses yeux.
Un jour il écrivit un poème
Qui disait …






Part I :
 Le début de ton aliénation


O mon père,
Ma mère
Non, ne les écoute pas,
Ne me lâche pas le bras,
Non, ne les défends plus
Combien de suicides ?
Combien de crimes
Qui abreuvent tes pantomimes ?
Ils pointèrent leurs fusils
Sur tes filles et tes fils !
Mais pourquoi l’enfer,
La guerre
Pourquoi veulent-ils élever des cimetières ?
Pourquoi veulent-ils répandre la poussière ?
O mon frère,
Petite sœur
Ferme les yeux une dernière fois,
Envole-toi pour ne plus voir ça
Enterrée, ils ne pourront plus
Te crucifier,
Te violer !

Les nations ont perdu tout contrôle
Le virus se propage
Un hommage ?
Mais les guerres sont leurs symboles
Et ton virus leur syndrome !
Il y a une flamme dans tes yeux
Une agonie des cieux
L’absolution ?
La destruction 
Des alliées -nations !
Mon frère s’en est parti dans le noir
Mourant seul dans sa tranchée d’Histoire
O toi qui me regardes, toi qui me détruits
Que deviennent tes nuits ?
Que deviennent tes fils ?
Sens-tu la trahison prospérer dans ton sein
Vois- tu ces enfants tomber
Sans fin
Dans le ravin ?
Car
Qui osera encore se lever 
Avec moi ?
Qui voudrait arrêter le massacre 
De nos artères ?

Oui, toutes ces bombes
Qu’ils creusent
Sont les frontières de nos rêves
Au-revoir mon pays, adieu ma terre
Passez le bonjour à ma folie
A mes amis
Et à mon agonie !






Part II : La manipulation du secret



Ils étaient tous d’accords. La majorité du plus fort. Tous les journaux, toutes les télés le disaient, cette guerre était nécessaire. Sans lendemain et éclair. Mais nul ne demandait pourquoi. Il y avait des conteurs, des hommes qui écrivaient des histoires, qui écrivaient ce qu’il fallait penser.


Mais tout le monde ne pensait pas comme eux.


Le général Parker. Père de la patrie, directeur de la fratrie pour le meilleur et surtout le pire. La gloire de tout un Etat. Le mal incarné, déguisé. Qui prônait les armes. En tenue de militaire, cravache à la main, bottes noires et gants de velours. Hurlant, invectivant les masses de la supériorité de son peuple. Les cordes, les fils coulant à chacun des ses doigts comme l’encre d’un journaliste brisé à ses chaînes. Et tous, hélas,

baissèrent la tête,
fermèrent les yeux, et
se parjurèrent.


Dans la rue, la foule grondait de plus en plus fort. Un journal circulait. Indépendant. Des hommes courageux y écrivirent un pamphlet, « la manipulation du secret »
            
Et qui disait…






Part II :
 La manipulation du secret


Ils te disent,
T’ordonnent
T’exécutent.
La confession de ton pardon
Humiliation de ton abandon
Et la marque du juron !
Il y a des fils
Qui pendent
Derrière ton écran.
Patrie !
Il y a ces des marionnettes
Qui y défilent
Dedans.
A leur désir
A leur plaisir
Eh, l’ami
A ton soupir !
Le dernier,
En priorité.

Les troupeaux sont dans l’enclos
A l’apothéose des fous
Tombés à genoux.
Pantomimes et pantins,
Qui se déversent
L’encre à la main
Et qui les répandent,
Tes nouvelles
O ton venin !

O Jésus, O Jimmy, je t’en prie
Fuis pendant qu’il est encore temps
Bateau ivre,
Qui tangue
Et toi juste en dessous,
Des lois,
Eux juste au-dessus
En versets de l’Etat !

Mon ami,
En noir ou blanc,
Ne le vois-tu pas
Quand c’est toi qui crèves
Ne le lis-tu donc pas,
Quand tu y poses les lèvres
Qu’ils ne prendront pas les armes ?
Car oui mon frère,
Camarade,
L’objectif est fixé,

Sur tes larmes

En gros plan !






Part III : l’adieu de tes larmes



« Oui, ces champs de colza, ces champs à perte de vue, mon père en fera leur essence, si c’est ce à quoi ils tendent ».
Jimmy ne voulait pas de cimetières à ciel ouvert, paradant sur les écrans. Parler au général Parker, l’autorité absolue de la nation, de la poussière. Aller là-bas... le convaincre, lui parler du père, et jeter des fleurs sur les cadavres, sur les tombes de la mort. Ainsi,
Jimmy s’engagea dans l’armée.
Il dit au-revoir aux siens.
Il croyait bien faire.


Il allait découvrir leur  nouvelle guerre.
Son enfer.



Sa mère pleurait l’enfant tant aimé. La télévision disait qu’on mourait là-bas, et


Que certains n’en revenaient pas.


A l’aéroport,
Sa, sœur, si triste,
Lui tendit la main, et

Sur un bout de papier,
Lui avait écrit ceci …






Part III :
L’adieu de tes larmes


J’ai eu un rêve
D’une larme sur ton cadavre
L’écho de ta rébellion.
Les hommes sont en marche
Mais
Toi l’infidèle,
Le suprême
Toi le poème
Ils te pleurent tous
Comme un combat injuste
A l’abreuvoir de ton cœur et
Aux pincements de tes artères 
Ta guerre !

En mémoires et petites morts,
L’adieu à ton corps
Oh Jimmy, combien de rêves ?
Combien d’ennemis ?
Devra-t-on tuer avant
De les sortir de leurs charniers ?
Putains de crimes !
Putains de victimes !
Sauront-ils jamais t’écouter ?
Te descendre ?

Ta jeunesse,
Ton innocence,
Ta pureté,
Ils veulent te les ôter
Pour le sang d’un peuple pacifié
Les vampires !
Ils te veulent de l’autre côté
Et compter leurs passages à la télé !
Oh Jimmy,
Penses-tu vraiment qu’ils vont te respecter ?

Commander aux camarades
Défilés de parades,
Frères d’armes,
De larmes,
Vos funérailles, oui
Idéaliseront leurs représailles
Et à l’heure de vos familles
Penchées sur votre décomposition,
Les restes de la nation
Mortels et simples moutons,
Enfants de la Passion !
Oh Jimmy, n’y va pas 
Car combien d’entre vous
Tomberons ?
Reviendrons

De la colonisation ?






Part IV : De l’enfer, de l’apparat



La télé disait que tout était okay, que les soldats étaient des héros. Tous. Sans exception. La radio, elle, disait que c’était super de défendre son pays, quand on en attaque un autre. La plupart de ces jeunes n’avaient même pas vingt ans, ticket pour l’enfer en poche. Sourire aux lèvres, ils allaient leur montrer ce qu’est un véritable soldat !
            Jimmy, lui, était tapi dans un coin de l’avion qui les menait chez l’ennemi. Il les écoutait, eux, bientôt portés en triomphe sur tous les canaux des médias, photos de presses et de galas. Ils s’y voyaient déjà, en rentrant chez eux, la foule et les acclamations. Ils leurs diraient qu’ils se sont battus pour la paix avant tout. Car, à leurs yeux,


La paix devait également se monnayer


Lorsqu’ils foulèrent le sol étranger, tout n’était plus que ruines, désolation et chaos. Des enfants nus gesticulaient et couraient dans tous les sens. Les décombres étaient jonchés de morceaux de chair, de bras, de jambes…De têtes !
La fumée, le feu s’élevaient des entrailles de l’enfer. On voyait ici et là des soldats qui pleuraient, se terraient et des traces d’urine sous leur uniforme inondaient la poussière. Non, ils s’en rendaient tous bien compte maintenant, à l’évidence,


la guerre n’était plus photogénique.


            L’un de ces soldats, Andy, combattait depuis plus d’un an. Les yeux remplis de peur, et, caché derrière un buisson, il poussait de vague petits cris, et entre deux, voici ce qu’il dit à Jimmy…






Part IV :
De l’enfer, de l’apparat


Ils crient
Ils hurlent,
Les démembrés,
Les déchiquetés !
Terre de sang
Oh, le sourire du président !
(I had a dream)

O compagnons
O mes frères
Ici les bombes !
Ici, oui, on succombe !
Lâchés,
Tranchés,
Décapités de nos
Larmes qui meurent
Sur vos joues
Les restes de vos coups !
Cracheurs de balivernes
Voilà que le piège se referme
Plus personne
Ne nous entendra
Pleurer,
Prier,
Crier,
La nuit.

Idoles et idéologies
Soyez fiers ! Car dans nos pays
On s’attache,
Oui, aux cordes de vos crimes
Aux rires de vos victimes
(they had a dream)
Et l’enfant s’explose
Et la télé implose
Ils ne nous avaient pas dit ça
Non, les photos, les journaux
Tous trouvaient ça beau,
Leur couteau planté dans le dos !

Et la mort qui gagne
Oui, le mal est
Général
Quoiqu’il advienne
Rien ne sera plus jamais pareil
Et le télégramme tombe
Sur mes yeux pétrifiés :
Liberté,
Chienne sans pitié,
Tu t’es encore éloignée
De moi,
De nous,

O Seigneur, Seigneur !!
Croyez-vous ?
Qu’ils en dresseront un mémorial ?
Qu’ils en feront des cartes postales ?






Part V : les cavités de tes yeux



            Ils tombèrent, un à un, crachèrent leur sang, et se relevèrent. Puis, dans la poussière, dans cet énorme fracas, s’abandonnèrent à leur sort, les bras grands ouverts de la mort. Andy, Thomas, Bruce et Lenny, tous ceux qui s’étaient trouvés avec lui dans l’avion gisaient, jonchant maintenant le sol de leur corps explosé.
            Jimmy les vit mourir peu à peu, membres d’une patrie qu’on démembre. Des cimetières à ciel ouvert et des milliers, des milliers de bouts de bois en croix, plantés dans la terre meuble, dans l’éternel horizon, dans...


Les restes d’un rêve


            L’ennemi s’avérait plus farouche que prévu. Prêt à éclater sa chair en mille morceaux aux quatre recoins de leur fratrie, prêt à défier les tortionnaires du pétrole et de l’argent. Mais avaient- ils tort ? N’était-ce pas l’envahisseur qu’ils combattaient ? L’idéal, n’était-ce pas cette façon de mourir pour une cause, pour les siens et son pays ?

            Les enfants, fusils à la main avaient le regard de la mort. Pour les soldats, pour lui. Les villages étaient noyés sous les flammes. Et il y avait aussi des souterrains. Des centaines de souterrains.
            
Ils étaient si nombreux, si invisibles. Comment la paix aurait-elle pu survivre ?



Car certains ne la voulaient pas.






Part V :
Les cavités de tes yeux


Ecoute, oui
Ecoute ce silence
Entre deux bombes
Entre deux tombes.
L’ennemi rugit
Il me veut
Il veut que je couche avec lui
Le corps infécond,
Criblé de ses doigts,
La tête en arrière
Comme Hiroshima mon enfer.
Traîtres !
Salauds !
Où partez-vous donc ?
Dans quel trou pourrissez-vous 
Nous mettant à genoux ?

O mère, si tu les voyais
C’est dans la boue de mes peurs
Qu’ils se servent
De nous,
De moi,
De toi !
Qu’ils nous sucent,
Oui, qu’ils nous exécutent
Dans le final de mes amis
Le dernier opéra de nos vies
Oui, mon frère
Evanoui,
Regarde-les
Ils sont tous là
A ton trépas
A ta plus belle agonie !
Mais putain qu’ils en jouissent
De cette nouvelle colonie !
Le sang des vampires,
Bal de l’empire
La nuit est imbibée
De leurs yeux,
L’antre du malheureux

Car tout cela me rend fou
D’essayer de tenir encore debout !






Part VI : la raison de t’aimer



            Dépouillé de sa chair, de son âme et de son sang, Jimmy voyait tous ses rêves s’effondrer un à un. La paix…en enfer… était-ce vraiment admissible ? Qui voulait encore la rendre possible ? Noyé dans la brume de ses interrogations, étouffant de toute sa folie, obsédante, la vérité mise à nu, l’entraînant dans le néant de deux camps. Unis comme deux frères dans le même combat. Comment faire, comment survivre ? Y’avait-il un soleil, y’avait-il une lumière ?
            Assis dans un trou creusé par les grenades, et semblant surgir de nulle part, il eut une vision,


Il la vit


Elle si belle, si sensuelle, si éternelle. Surgissant de la pénombre…
Jimmy avait oublié jusqu’à l’image d’une femme. Il la regarda. Intensément. Et elle en fit de même. L’éclair passa. Frappant. Un seul clignement d’œil et se comprendre, s’apprendre, s’approcher, s’apprivoiser.
            Main sur la joue, caresses d’autres temps. Elle a dû tuer des dizaines de ses camarades et à coup sûr, elle pense la même chose de lui. Ils sont ennemis. Ennemis d’un amour impossible, contre nature, contre guerres.
            Et pourtant, oui, leur regard plongé l’un dans l’autre



Ils s’aiment






Part VI :
La raison de t’aimer


Les cloches retentirent
Le macabre des enfants
Hurlèrent dans tout le pays
Une bombe,
Plaie béante
A vif,
Pour leur dire à tous,
Aux moutons asservis
Que la religion n’en avait
Plus que le nom !
Mascarades et sourires
Médailles qu’on polit
Cadavres qu’on oubli !

Les généraux sont assis
Sur leur trône
Le cul en enfer
Décorés de leur couronnes !
Passages à la télé
Adulés de leurs jouets
Made in Taiwan
Made in blood
Mais ils tomberont, oui
Ils tomberont tous,
Cracheront
Leur sang
Leur peau
Et leur os !
Hey, commandants de pacotilles
Tes soldats agonisent
Leur dernier souffle
Leur dernier rêve.
O Jimmy,
Seras-tu jamais de retour
Chez toi
Loin des fous,
Loin des rois ?

Mais tu là vois,
Cette fille, oui
Tu la bois
La sens
L’admire
La désire :
Un parfum, enfin !!
C’est Smilia qui brille
Dans ta nuit
Eternelle
Repue d’agonie
Et désormais, tuer le père
Tuer la mère
La sœur et les frères
Non cela ne t’est plus permis !

Fuis, Jimmy,
Fuis-les
Tous !
Ne reste pas ici

Ou pars avec elle






Part VII : ton passé encore possible



            Les combats se font de plus en plus nombreux. Toujours ces rivières de sang, toujours ces sarcophages dans lesquels on nage. Jimmy vient d’échapper à une nouvelle embuscade, et, dans la bataille qui en suivra, tuera deux soldats ennemis, en corps à corps de leurs cris. Il s’agenouille, près des vaincus, les retourne. Ces mômes n’ont pas quinze ans et, même morts, grands ouverts,



Leurs yeux éclatés, orbites vidées,
deux trous pour l’appel du néant



            Et la pluie qui tombe. Jimmy ôte son casque pour mieux sentir les gouttes d’eau tomber sur le front bouillant de l’enfer. Le voilà qui ferme les yeux, et une larme coule sur sa joue. Il se sent si bien… oui, maintenant… oui, maintenant il se rappelle.
            Ils y étaient tous, sur la pelouse. Candy, la petite sœur pestait de ne pouvoir attraper ce fichu ballon que lui et son frère se passaient à la manière de footballeurs. Ils y étaient eux aussi d’ailleurs, se prenant par l’épaule et la hanche. Riant à gorges déployées, ses parents avaient le visage des gens heureux,



Celui d’un passé encore possible 






Part VII :
Ton passé encore possible


Nous pouvons en être les héros
Nous pouvons voler toujours plus haut
Marionnettes, portées au
Firmament
De ton insondable enfer 
De ton ultra visionnaire !
Maman !
Regarde
Maman ils m’ont mis la corde au cou
Soldats à genoux
En joue 
En laisse
Oh, souvenirs de détresses
De vos confesses
Oh Seigneur,
Que nous est-il arrivé ?
Où êtes-vous tous passés ?

Y mettront-ils jamais les pieds 
La main ?
Y jèteront-ils un œil
Une bombe ?
Mais que valent-ils ?
Que prônent-ils ?
La pacotille
Illumine leurs pupilles
Je les vois !
Oui je les vois !
Mais ces baisers de sang
Seront à jamais les miens
Ces blessures,
Ces crachats, faits
De pervers et injures
De travers et parjures
Oh, comment osent-ils ?
Comment peuvent-ils ?
Se les approprier
Se les greffer
A leurs costumes
Effigies de la lâcheté
Et apparat de trahisons !

Maman ? Papa ?
Où êtes-vous ?
Il fait si noir ici
Par pitié allumez la lumière
J’ai peur, si peur que
Mon cerveau se décolore
Inapte et indolore
Criminel et indolore
Frangin, sœurette !
Non, ne venez pas
Fuyez encore si vous pouvez
Car ici on en veut à vos têtes !


Parfois, la nuit, on les voit
Oui, bouger les morts
En sarabande de leurs sourires
Oui torturer les morts
Cela leur est désormais permis !
Et ces silences qu’on enterre
Sous la soumission qu’ils déterrent
Dans ce final de l’éphémère
Que brûle cette croix clouée sur mon père !






Part VIII : ton berger détraqué



            Enfin. Jimmy y arrive enfin. Se faisant passer pour un journaliste, le voilà arrivé si près du but, si proche du général Parker, celui par qui tout a commencé, et par qui tout peut finir… Entretien. Le soldat lui expose ses théories. Colza et essence, bon ménage et paix durable. « Tout cela n’est que du  matériel face à l’humain ! ».
« Mon ami, lui répond-il, je vois que vous n’avez rien compris. Le pouvoir n’est que pour ceux qui le détiennent. Le peuple doit rester soumis, aveugle ».


« Et j’en serai son berger »


Jimmy a le cœur brisé. Morceaux d’idéaux éparpillés sur les tombes, partis en fumée. L’homme n’est pas de chair mais de fer. Général qui n’écoute pas, qui n’entend pas. Et toujours, toujours ce même rire gras. Echo du pouvoir, glacial et infernal.

« - Je ne vous laisserai pas faire. Je retournerai chez nous et bientôt tout le peuple saura !
  • Le peuple ? Savoir ? Et comment ?
  • Je vais alerter tous les médias !
  • Mais je suis les médias !
  • Qu’importe, cette guerre n’est plus la mienne. Je retourne chez moi !
  • Mais, mon ami, désormais, chez vous, c’est ici ! »

Dans ces prisons de bambous, juste à l’extérieur des bâtiments centraux, il y avait dizaines et des dizaines de prisonniers entassés, écrasés les uns contre les autres. Tous ennemis capturés au combat, et seul, parmi eux


Jimmy






Part VIII :
Ton berger détraqué


Trop vu
Trop entendu
Pour avoir
Touché le pouvoir
Approché au plus près
De la vérité
Mise à nu
Comme des pantins
Des pendus
Qu’on essore

Non, on ne veut pas de nous
Chez nous
Crevez, oui
Crevez
Mais ici
Pas là-bas !
Là-bas, ils
Ne doivent pas savoir, juste
Regarder le glorieux étendard
Joncher,
Parcourir
Et danser parmi les cadavres !
O mon ami
Mon nouvel ennemi
Ils disent
Que l’on doit encore les croire !
Aveugles, insensés et ignorants
Etrangers
D’un pays dont ils nous narrent l’histoire
Réécrite à l’encre de leurs fils
Tombés
Tranchés
Dans les catacombes de service
Humble sévice !

Les marchands
Nous écrasent
Nous boivent
Nous noient
Sous leur poids ;
Leurs lois
D’empereurs et dictateurs
D’impératrices du vice !
Bang ! Bang !
Tombes soldat, tombe
T’es, mort
Condamné
Prisonnier
De ta propre armée !
En viendront-ils à bout ?
L’exploseront-ils
Ma vie ?
La machine est en route,
Plus de doutes !
O Dieux
Nous nous ne en sortirons pas
Vivants
Ou les pieds devants !
Car une croix gravée
Sur vos voix
Vous les fous
Qu’on immole
En part d’audience
De déchéance

Oh, la chute sera-t-elle sans fin ?
Devrons-nous toujours leur baiser la main ?

A ces chiens ?






Part IX : le crime de mes bourreaux



Elle tomba. Doucement. Trop doucement pour que ce soit vrai. Autour d’elle s’élevait la poussière de sa mort, en écrans de fumées. Ses yeux se refermèrent une dernière fois sur le rouge de ces fleurs, sur les yeux de ce jeune qui était venu de si loin pour tuer les siens. Et qui criait maintenant, et qui la pleurait, elle, l’ennemi codifiée de son gouvernement. Il semblait l’avoir aimé, en tout cas c’est qu’il lui avait dit… Peut-être auraient-ils survécus à cette guerre, ce nouvel enfer. Peut-être auraient-ils pu vivre en paix, se promener dans les bois, au clair de la lune, allez au cinéma, se regarder, se serrer fort, et puis s’embrasser. Ils auraient pu se marier, avoir une maison… des enfants ?


Mais rien de tout cela n’arrivera



Smilia vient de toucher terre, conquistador de sa dernière demeure. Et Jimmy en pleur, Jimmy qui aurait tant voulu empêcher cette exécution … On tue l’amour ici, oui, on tue l’amour dans ce monde immonde. « Je te rejoindrais bientôt, où tu t’en vas Smilia, lui souffla-t-il entre les barreaux. Nous serons sûrement mieux là-bas, tellement mieux… tu sais, il doit bien exister des pays où l’on ne tue pas ». Le peloton d’exécution se tient prêt, attendant les ordres du général. Simple exécutants, singes d’une farce dans laquelle on ne rit plus. Ou de folie. Jimmy secoue la tête. « Ne plus réfléchir… ne plus réfléchir » se répète-t-il tout bas, car

dans l’absurde



La logique n’existe que pour légitimer leur folie






Part IX :
Le crime de mes bourreaux


Etait-ce une victime ?
Etait-ce un crime ?
Auront-ils des tombes
Ou simplement des bombes ?

Eventrons-les !
Piétinons-les !
Ces portes
Ouvertes sur ta peau
Décharnées,
Fermées sur ton corps !
Philosophie
Idéologie
Entendront-ils jamais tes cris
Tombés dans l’oubli ?
Qu’ils rampent
Qu’ils m’exécutent
Mon Père, O mon Père
Réveillez-moi
Réveillez-vous !
Regardez-là
Qui de vous voudrait encore voir cela ?
Ce canon sur ton agonie ma chérie
Sur la tempe de ton pays
Toi que l’on dit ennemi !
Les fous !
Les illuminés !
Soldats de Dieu
Comme un vœu pieu
Soldats du feu
Et notre cœur dans leur pieu !

L’amour
S’achève
Court,
Crève,
Dans tes soubresauts
Mais je t’aimais tant
Smilia encore enfant
Armée jusqu’aux dents
Ils t’ont volé ton enfance
Ta nation
Ton père
Et ta mère !
Le comprendras-tu ?
Ils te voulaient
En soumission
En prosternation
De leur déraison
Dans leur colonie
De ton pays

A quand la fin du film ?
Pitié, pitié 
Trouvez-moi un refuge
Un asile !

Et qu’on en termine !






Part X : le royaume de leur troisième guerre



            La plupart se cachaient, se terraient. La troisième guerre des mondes était prévue pour 2087. Il y avait des prédicateurs, des faux prophètes criant, hurlant dans les rues que l’apocalypse allait tous les enterrer vivant, que la terre s’ouvrirait en deux pour engloutir tous les pêchés du monde. Les églises qui sonnaient le glas étaient remplies d’une ferveur inhabituelle, qu’on croyait jadis oubliée. On priait, oui, on priait jour et nuit pour sauver son âme et échapper à son destin. Les médias devinrent eux aussi hystériques : une folie médiatique de la fin du monde pour couvrir la vengeance des dieux de retour de l’enfer, tels étaient alors les gros titres.



Mais les dieux n’y étaient pour rien



            Juxtaposant la frénésie des peuples soumis, chaque pays préparait ses armées à rentrer en guerre. On faisait appel aux plus jeunes, aux plus vieux. Tout être valide se devait de prendre les armes et de se battre. Et de mourir. Car pour le royaume de leur troisième guerre, chaque camp mettait en joue la survie de sa nation. Et ces gamins, ces gamins aux yeux remplis d’effroi, et ces vieillards aux mains tremblantes devaient être les nouveaux héros des temps modernes, pantins des pouvoirs érigés Etat. Car peu importait le nombre de morts, peu importait l’hommage et le sort, désormais, il n’y avait plus trop choix. Vivre ou mourir. Combattre ou..



Devenir esclave.




…et dans les rues sombres, des radios aux voix robotiques qui crachaient la haine…






Part X :
Le royaume de leur troisième guerre


Il y a des morceaux
De toi
De choix
Eparpillés
De ta chair
Ensanglantés
Dans la conquête de tes rêves.
Courez !
Fuyez !
Les sombres guerres
Les cliquetis
De votre enfer.
Les poètes sont assassinés
Les mendiants fusillés
En rang
En allégeance
Et dans la paume de leur main
Le venin
La Solution
Des tiens.
Et ils crieront
Hurleront
Blasphémeront
Que ce ne sont pas eux
Qu’ils n’y sont pour rien
Dans l’avènement du destin
Prieront en vain
Que le Livre soit sans fin, comme
Dans la torture de tes reins !
Mais les enfants sont partis
Commettant de nouveaux suicides
Et les vieillards ont suivi
Dans la course du vide
En soumission
En prosternation
De ton nom !
Gentils croyants
Mascottes de conquérants
A la croisée des vivants
De Satan !

Et quand le soleil se couche
Le mal planté qui te touche
De cadavres en ruées des mouches
O mon compagnon
De ton foie elles feront souche !

Et on les comptera sur les doigts
Première, deuxième
Jamais deux sans trois
Sans toi
Diront-ils
Car l’aube arrive
Oui, et remplis de froid
Bientôt s’adonneront
S’abandonneront
A la Bête
A la sauvagerie
De leur temps
Inféconde et
Conspiratrice

Et de leurs crachats sans gloire
Inondant le monde…
Oui commandant
La salive de l’immonde !






Part XI : les gènes  de ta déformation



            Ils les voulaient supérieurs. Ou inférieurs. Mais ils voulaient surtout les contrôler, et à leurs yeux, rien d’autre n’importait. Décadence, domination, soumission. Et des moutons en floraison.
            Il y avait un homme, cet homme, et qui avait tout vu. Un prisonnier qui pleurait la nuit, car revoir ces hommes, voir ce qu’ils faisaient aux autres, pour rien au monde il ne voulait suivre ce chemin-là, plutôt se suicider, oui, plutôt ça… Tous croient que la folie s’est emparée de lui et qu’elle se déverse jour après jour dans chaque catacombe de son cerveau d’homme sans non. Et quand il raconte son histoire la nuit, seul Jimmy l’écoute…


Mais les fous sont ailleurs


            En dessous du quartier général, il y a, paraît-il, un dédale de couloirs, tous plus sombres et poussiéreux les uns que les autres. Et, pourtant, sur ces murs de pierre blanche suinte la folie des hommes, celle qui lorsque vous vous approchez de cette étrange lumière derrière cette porte refermée, que vos pas silencieux vous poussent à regarder par la serrure ce qu’il s’y passe de l’autre côté du mur. Vous les voyez, vous les entendez alors, ces cris, oui ces cris qui paraissent si lointain et qui crèvent l’écho du silence noir. Ces cris, ce ne sont que ceux des nouvelles agonies, de ces crimes exhortés et qui sont encore permis.
            Et il y aussi des hommes en blouse blanche, des scientifiques. Et il y a des prisonniers, beaucoup de prisonniers. L’homme sans nom leur dit que derrière ces portes fermées se trouvent des laboratoires secrets qui n’ont qu’un seul but : la manipulation génétique.

            Et, comme un hymne, comme une sorte de proverbe lancé à la gloire de tous, écrit juste au- dessus des horloges, sur les murs de ces salles d’infamies, une plaque rectangulaire, en fer, où, en peinture rouge sang, on peut y lire ceci écrit :



Physique faible : condition d’esclave
Physique fort : condition de soldat






Part XI :
Les gènes de ta déformation


Hey toi !
Toi qui te meurs
En fidèle
En esclave
Le mord aux dents
Chien consentant
Ne peux-tu rompre
Ta laisse
Tes chaînes
Ta haine ?
Asservis,
Les corps,
Squelettes,
Tes os
Tout pend dans ton injure
Sans provisoire
Dérisoire et illusoire
Les Maîtres de l’Histoire !
La folie les a dépecés
Sucés 
Liquéfiés 
De leur cerveau !
Dérobades des cellules
Evaporées dans le crachat
D’un pendule
Qu’on accule !
O mon ami
Il n’y a plus personne
A la maison
Les lumières sont éteintes
Sur leurs conspirations
D’inquisitions !
Adjoints des
Camps de consternation
De contemplations
De nos concentrations !

Décroche !
Oui, décroche-les, de leur
Machines, et
Tuyaux
Si fluides
Hélas !
Ils en crèveront
Les obscènes
Les pourris,
Oui, qu’ils crèvent tous
Dans ton ventre
Dans tes vaisseaux
Engloutis
De ton vomis !
Et, loin de vos bras tendus,
Ingénus
Comme des jurons convenus
Le cœur à l’envers
O tyrans
O pervers
Réservez nos colliers
Car, chers ennemis
Le savez-vous
Que là où le bas blesse
Est que l’on vous accompagne ici-bas
Dans un simple claquement de doigts
Ouvrant les portes de notre trépas…






Part XII : dans l’antre des fous



Sa voix, son charisme.. il les avait tous subjugué, dans l’antre du diable, les griffes du mal. Oh bien sûr le Général avait prit soin de revêtir son autre costume, d’apparat, celui du créateur, du sauveur. Il fallait leur apporter les germes du monde nouveau, couronné de sa gloire et de son ego Les méfias l’encensaient, l’adoubaient, le légitimaient dans les processions du Sombre. Mais nul ne s’était posé de questions sur ce qu’il pouvait bien passer là-bas, dans ce si lointain pays. Tous avaient suivis…



Un seul homme avait suffit



Dans sa folie, nouvelle mythologie, il réinventait les cieux et les dieux, désormais placés au firmament de sa tutelle, de ses pieds. A ses yeux, les tortures n’étaient que les sacrifices de victimes expiatoires, dont leur sang consigné sur un ancien grimoire les restituaient sur le trône divin

                                    Folie des hommes
                                    Folies d’un homme
                                    Folies …

Mais les autres… les autres…

Quelqu’un ne les entendra-t-il jamais crier ?
                                    
                                                            Pleurer ?


Sommes nous tous devenus sourds ?






Part XII :
Dans l’antre des fous


Il y a un enfer
Qui se rapproche
De leur pas
Leur trépas
Des déportations
Dans le règne de la dépravation
Privilèges d’androïdes
Humains mis sous vide
Tambours, sonnez trompettes !
Achevez-nous dans le doute
Pour évitez de vous croiser sur la route
Dans l’antre des fous
Vous regarder
Consentant
Agenouillés
Ventres ouverts
Et les yeux exorbités
Ensorcelés 
Par le pouvoir
Oh, et ils vous poussent
Jusqu’au fond
Les anéantiront
Dans l’œuf de ton nom !

Arrière ! Arrière !
N’y allez pas 
Ou vous n’en reviendrez plus !
Restez bien au bord
Oui, sur cette rive
D’où l’on ne dérive
Bergers maudits
Regardez
Comment vous les avez salis !
Cadavres qu’on juxtapose
Enterre-les si tu l’oses !
Et excusez les métaphores
Car leurs os sont ecchymoses
Pleurez, pleurez,
Oui pleurez
Les insipides
Les fratricides
Pesticides
Si fragiles
A en perdre l’équilibre !

O mes amis
Se réveilleront-ils un jour ?
De nos cauchemars ?
Ou descendront-ils
Aveugles et sourds
Encore plus profond
Dans la noire pénombre
Car ici trop souvent on oublie
Nos souvenirs
Nos crimes !
Et ce mort éventré sur sa croix
Avant que je ne tombe
O patrie le vois-tu
Le lis-tu 
Le craches-tu
Le gerbes-tu ?
Enfonce ! Oui
Enfonce-moi
Pour que je ne me relève pas
Pour que je ne revienne pas

Nous voir mourir comme ça !






Part XIII : la trahison de ton ombre



Jimmy en avait trop vu, trop entendu, trop vécu. Dans ces yeux, ce monde n’avait plus de sens. Pourtant, il voulait encore y croire, ne pas mourir sans espoir. C’était la nuit et les prisonniers s’agitaient plus, beaucoup plus qu’à l’habitude. Et puis un premier éclat, un éclair et des lumières. Des milliers de lumières. Comme des rayons frappant le sol, illuminant le noir, l’ennemi avait contre-attaqué pour libérer les leurs. Grilles ouvertes, éventrées, chaos généralisé, dieu ! voilà qu’on tire de tous les côtés ! Alors Jimmy s’en va, s’enfuit. Prendra le chemin des dédales souterrains, en sueur de ses peurs, en flash de leurs armes,


En proie de leurs aliénations


Ces tunnels, ces laboratoires…existent-ils vraiment  où n’est-ce là qu’hallucinations de l’ennemi ? Un pas en arrière, hésitation, l’écho de leurs cris vient de baisser d’intensité, avec les armes. Les esprits hantent les murs, diables qui le poussent. Oui, on le pousse à continuer, à aller plus loin. Juste pour voir. Pour voir si le vieux fou avait raison. Eux ou eux ? L’ennemi s’en est rentré avec les siens mais la révolte s’est propagée… Et voilà une entrée, un secret… La porte entrouverte et ces couloirs sans fin, où mènent-ils ? Que cachent-ils ?
Il y a des cris, des nouveaux cris, plus tranchants, plus à vif. Tortures ! Non, ce n’étaient pas des mensonges. Soit esclave, soit androïde, mais à jamais dans les deux corps, et à la solde de l’empire. Une nouvelle porte, une fenêtre dérobée juste à côté…. Voir des machines qui violent des hommes, fils pendus, a leur cou, leurs bras, leur cœur, leur corps…
L’écusson de la patrie sur sa blouse, les scientifiques s’activent. Du même pays que Jimmy. Précision et délectation derrière leurs regards de patriotes assassins.. Et la chaleur, la chaleur étouffante. Pause. L’un d’eux s’approche, lentement, se tourne et ôte sa combinaison, ses lunettes de protections…

            Jimmy pleure …
            Le rêve s’est envolé cette nuit-là
            Car ? oui, il vient de le retrouver
            Ici


Son père !





Part XIII :
La trahison de ton ombre


Ton visage,
Ton image
O mon père
S’est inscrite dans
L’amertume
Le vice
De ta cloison,
Ma nouvelle prison !
Corbeaux ! Corbeaux !
Aux gants de fer
Oiseaux de malheurs,
Pourritures
Vendeurs de dictatures
Vos soupes sentent l’ordure
Maître ?
L’école n’est-elle pas finie ?
Vos leçons ne sont-elles pas ma folie ?
Concours d’éducation
Tous les élèves
Toutes les brebis sont
Perchées
Crucifiées
Gavées 
Sous le poids de vos impostures
Sur les tripes de Votre Honneur
O soldats
O compagnons
Ceci, ceux-ci sont le
Mensonge
La trahison de ton ombre !

Une peur panique
Paranoïa
S’empire de moi
L’amour sur la croix
Couronnes de vos religions
Fleurs de la décapitation
Marquées aux fers de la foi
O éventrez-moi, oui
Je ne veux plus voir ça
Bataillons d’esclaves
Bataillons de robots
Compagnies ! Halte !
Jouons ensemble l’acte final
Colombes piétinées par le Général
Les armées sont en oppression
Pour faire exploser le cœur de la nation
O mes pères réveillez-vous !
Ne restez plus à genoux 
Mourez tous debout !
Ne voyez-vous pas
Que les vers grimpent à vos mains
Sur les ficelles tirées par vos assassins
Qui ont fait de vous ces pantins…

Papa ! Papa !
Pourquoi es-tu allé là-bas ?
Pourquoi leur as-tu fais ça ?
Papa ! C’est impossible
Non, ce n’est pas toi !
Car t’imaginer à leur bras
Serait le début de ta destruction
Le début de mon aliénation !






Part XIV : les brûlures de ta cervelle



            Le père a trahi. Le Général a trahi. Ils ont tous trahis. Sauf l’ennemi, fidèle à sa même haine, unifié dans le seul pacte de la mort, à l’apogée de leur sort dans le dernier acte. A trop les regarder mourir, voilà qu’on s’habitue. Hostilité indifférente. La mare de leur sang dans la pénombre, vampires les suçant comme une ombre. Les champs, les paysages, tout est dévasté dans un amas de fumées. Cette fumée qui lui rentre dans les narines, qui se mélange à sa cigarette, cadavres de chaire qui s’insèrent, qui pénètrent tout ce qui a crevé en lui.
 
            Et Jimmy, au bord de la folie, assis sur le haut de la colline



Jimmy le regard fixe sur le soleil couchant



            Stylo à la main, il griffonne quelques mots. Pour ses amis, tombés sous les bombes, pour eux, pour les soldats-pantins de la nations. Et pour les siens aussi.
            « Comment en est-on arrivé-là ? Comment ont-ils pu laisser faire ça ? Mon cerveau se rempli de brume…j ‘erre en folie de mon nom, dans les tranchées de mes illusions.. J’ai fait un rêve. Et je suis devenu sourd. Ces cris…ces cris…. Qui hantent mon agonie… infanticides, viols, déflagrations, tortures, les voilà tous réunis dans le purgatoire de mon enfer, leurs visages éclairant chacune de mes nuits de n’avoir su arrêter ces hommes…. Cratères de mon esprit, oui, ils ont tous trahi, et, désormais, nous sommes tous interdits . »

            A ses côtés, gisait ce qu’il restait de l’un de ses compagnons d’infortune. Il posa sa lettre et, de sa poche, en retira une photo de sa famille, ensembles et souriants. Jimmy prit le bout de sa cigarette et commença à la brûler. Quand elle fut entièrement consommée, il regarda une dernière fois l’horizon, versa une larme sur sa joue, prit son arme


Puis se brûla la cervelle.






Part XIV :
Les brûlures de ta cervelle


Soldats !
Soldats !
Etes-vous encore en vie ?
Etes vous encore debout ?
Vous ont-ils mis à genoux ?
Il y a une sorte de confusion
Dans mes considérations
Considérez-vous que l’aliénation
Soit l’opium des populations ?
Y’en a-t-il parmi vous
Qui sont faibles ?
Fous ?
Avez-vous pleuré ?
Oui ?
Y’en a-t-il parmi EUX 
Que vous voudriez épargnez ?
Non !!!
Devons-nous continuer le combat ?
Sommes-nous des chiens qu’on abat ?
Appuieront-ils sur le bouton ?
Nos morts seront-elles
Légendaires
Chimères
Ou nucléaires ?
Les couronnera -t’ont dans nos cimetières
Sur les trônes de nos adversaires ?
Bataillons, compagnies, joignez-vous à moi
Car ensemble nous vaincrons
Divisés nous tomberons
Aux armes compagnons, aux armes !
Le monde vient d’entrer en révolution
De vos noms !
L’étendard de la liberté sortira des prisons
Flottera en floraison
Nos cœurs en accélérations !

Où êtes vous ? Mes amis où vous cachez-vous ?
J’ai peur
Vous aussi … ?
Revenez !
Mais que faites-vous ?
Pourquoi pointez-vous vos fusils
Sur moi ?
Traîtres ! Traîtres !
Je vous honnis
Vomis !
Bannis !


Non, noonnnn
Oh non ne tirez pas !
Par pitié
Par pitié

Laissez-moi ce plaisir-là !
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