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D’habitude, ce genre d’histoire se passe dans un monde imaginaire, peuplé de bons et de méchants, et où les bons finissent toujours par l’emporter. Parfois, cependant, il arrive que ces histoires soient bien réelles et nous emmènent non pas dans des univers féeriques et fantastiques, mais dans des endroits familiers tels que nous en connaissons tous. Une simple maison, avec des enfants, des adultes, des amis et des ennemis. Certaines de ces histoires sont tristes, d’autres pleines de gaieté. Un seul point commun les rassemble : la vie. La vie, faite de joie et de peines, d’amour et de haine. La vie comme on l’oublie parfois : terriblement belle mais tout aussi cruelle. Et également remplie de rêves.
Car tout commença par un rêve.

Voici la fabuleuse aventure de Tom Horse.




A vrai dire, Tom Horse vécu une enfance pareille à celle de tous les enfants. A ce détail prêt qu’il aurait aimé, oui vraiment aimé voir un peu plus son père. Celui-ci était routier, et bien sûr, lorsque l’on est routier, on est plus fréquemment sur la route que chez soi. Bien sûr, sa mère était toujours présente au moindre ennui, conseil ou besoin. Mais qu’est-ce qui peut remplacer un père si ce n’est son ombre ? Rien. De fait, c’était toujours avec une petite pointe d’amertume qui peignait le cœur de Tom lorsque celui devait se rendre avec sa mère lors des fameuses réunions parents-professeurs dont nos collèges et lycée raffolent tant ! Certes, ce n’était jamais bien agréable d’aller à ses réunions, mais Tom se disait que peut-être, si son père avait été présent à l’une d’ entre elles, peut-être aurait-on pu y voir un sourire se dessiner sur son visage.

Oh bien sûr, il arrivait au père de Tom de revenir à la maison. Et quelle joie de le revoir, quelle fête ! Se jeter dans ses bras, sentir son cœur battre plus rapidement que d’habitude… oui, c’était mieux quand papa était là. Tom se rappelle que lorsque les grandes vacances arrivaient, son père l’emmenait parfois en voyage sur la route. Ces moments-là restent de grands et beaux souvenirs. La première fois, il avait fallu grimper jusqu’aux sièges, puis découvrir cette véritable petite maison sur roue dans lequel son père passait la plus grosse partie de son temps. Ainsi, c’était cela son monde. Petit certes, dans ce que Tom appelait une cabine, mais à peine y avait-on monté à l’intérieur qu’on ne pouvait que sentir cette protection, cette fierté propre à tous les enfants dont les parents leur montre leur univers. Lui aussi en faisait parti désormais !
Lors de ce même voyage, Tom se rappelle avoir croisé un cheval. Oui, je sais bien, il n’est pas rare de croiser des chevaux lorsque l’on est sur la route, mais que dire de celui-ci, si blanc, si beau ! L’espace d’un instant, Tom avait même cru voir des ailes et une corne sur la tête du cheval, un peu comme ces licornes que l’on trouve dans ces contes pour enfants. Mais ce n’était pas possible, ce ne pouvait être une licorne, tout le monde sait bien que celles-ci n’existent pas. Pourtant, Tom avait gardé les yeux grands ouverts, il n’avait pas pu rêver… Mais alors que s’était-il exactement passé ?                            

Tom avait maintenant vingt ans. Mais il avait su garder son âme d’enfant. Par moment il lui arrivait encore d’aller au cinéma, mais son spectacle préféré demeurait obstinément le cirque, même si pour la plupart des adolescents de cet âge considèrent cette distraction comme alors dépassée, voire disons-le crûment, ringarde. Eh oui, il est des âges où l’on veut à tout prix jouer les adultes !
            Tom, lui n’avait que faire des autres, son plaisir était d’aller dans ces endroits merveilleux et magiques que sont les cirques, s’asseoir sur un siège et rire, voire rire aux éclats les autres enfants présents tout autour de la piste. Oh, et toutes ces couleurs, tous ces ballons verts, bleus, rouges, ces équilibristes qui voguent dans le ciel, ces dresseurs de tigres et d’éléphants, ces jongleurs, non, vraiment comment ne pouvait-on pas aimer le cirque ? Et puis ils étaient là eux aussi… eux ? Oui, eux, les clowns, ceux qui ont pour but de vous faire rire, et qui, parfois, sont bien tristes également. A cette différence prêt qu’ils peuvent à toute époque cacher cette tristesse du cœur, la dissimuler derrière un maquillage. En effet, qui peut voir les larmes d’un clown ?

            C’est en sortant de ce cirque que la vie de Tom Horse a basculé.

            Chevauchant sa nouvelle moto – son cheval magique dans sa tête –  le spectacle finit, il reprit alors le chemin de la maison. Oh, comment pourrait-il l’oublier, cet accident ? Il ne faisait pourtant pas nuit, la visibilité de cette route à quatre voies était on ne peut mieux dégagée. Tom roulait, vite, comme tous les jeunes de son âge, un peu trop peut-être. Mais rien de ce qui suivit ne fut de sa faute. En effet, ce camion, cet immense compresseur de fer, était-il venu d’outre-tombe ? De l’enfer ? A son réveil, Tom ne se souvint de pas grand chose. Ce camion lui avait coupé la route comme s’il n’avait jamais existé. Mais Tom s’était bel et bien trouvé sur son chemin…
            Aussi incroyable que cela paraisse, c’est sur Tom que revinrent tous les torts. En fait, on le cru longtemps mort, et il est si facile d’accuser un mort… Mais heureusement pour nous, il n’en était rien. Mort, Tom ne l’était pas. En revanche, il avait perdu définitivement l’usage de ses jambes. Son père se mit alors en tête de laver son fils de ces accusations. Comme on le comprend ! L’un de ses amis lui prêta alors la réplique exacte du camion incriminé, et bien vite, l’on comprit que seul le camionneur fou pouvait être responsable de ce tragique accident.

 Combien de temps Tom pleura-t-il dans cette chambre d’hôpital, nul ne le sait vraiment. Toutefois, depuis son accident, certains rappellent à qui veut bien l’entendre que cette étrange statue posée dans sa chambre n’était pas là auparavant, avant l’accident. Cette étrange statue qui hante désormais sa maison et qui représente un bien drôle de clown.

Les jours à l’hôpital furent longs, très longs même comme vous vous en doutez. Tom était perdu, qu’allait-il faire ? Qu’allait-il devenir ? Souvent, il regardait l’horizon par la fenêtre et espérait que tout cela n’était qu’un rêve, un très mauvais rêve. Qu’il allait bientôt se réveiller en sursaut et que tout redeviendrait comme avant, comme lorsqu’il pouvait encore marcher. Mais il ne se réveilla jamais de ce rêve là. Pourtant, pourtant, comme chacun d’entre nous, alors que le crépuscule venait frapper à la porte de son sommeil, en fermant les yeux, il lui arrivait de partir, de partir loin, si loin… dans des lieux inconnus où personne n’était encore jamais allé avant lui.                                                                                           
            Laissez-moi vous raconter ce bien étrange voyage…



Tom se trouvait sur cette île, une petite île désertique entourée de toutes les mers et de tous les océans que vous puissiez être capable d’imaginer. Un drôle d’arbre se trouvait également sur cette île. Cet arbre semblait avoir passé les milles dernières années de sa vie sur cette île, et à vrai dire, c’était peut-être effectivement le cas. Ses branches, son tronc, pas une feuille ni un fruit n’y vivaient dessus.
            Lorsqu’on regardait à l’horizon - et lorsqu’il n’y avait pas de brouillard - on pouvait y apercevoir une fabuleuse montagne baignée par un soleil d’or que ne cachait pas une lumière aveuglante. Et puis, juste à côté, faisant des vas et viens sur le rythme des vagues, une barque, toute petite, avec deux rames, et aucune corde qui la retenait à la terre ferme. « Echouée », voilà comment Tom décida de d’appeler. Cependant, qu’est-ce que cela pouvait bien signifier ? Une île, une barque, une montagne mystérieuse et un arbre mort. Tout cela devait bien avoir un sens, mais lequel ?
            Tom fit alors ce qu’il lui semblait le plus évident. Monter sur la barque et naviguer jusqu’à la montagne mystérieuse. La mer était calme, mais étrangement, elle était aussi peu profonde que la hauteur d’un verre à pied ! Jamais il ne pourrait naviguer sur cette eau, c’était impossible, et pourtant ! Le voilà qui avançait imperceptiblement dans les mers inconnues. Hélas, rongé par l’inquiétude et la faim, il ne put guère faire mieux que quelques kilomètres. Las, il décida de s’abandonner à son sort, lequel, gageons-le, se montra fort clément. En effet, se laissant pousser par le vent, l’embarcation revint alors à son point de départ.

            Tom sentait le découragement se propager de plus en plus dans son esprit. Y aurait-il eu quelques fruits sur cet arbre que cela aurait pu le remettre d’aplomb, mais non, rien y fit, il était dit que rien ne pousserait jamais plus sur cet arbre, du moins, s’il y avait déjà poussé quelque chose ! C’est alors qu’il se passa quelque chose d’incompréhensible, de surnaturel. La violence du vent redoubla, et aussitôt les eaux se mirent à gonfler, gonfler jusqu’à engloutir l’île. Tom se précipita sur la barque et le miracle se produisit. Oui, Echouée avançait comme jamais, de plus en vite, toujours toujours plus vite. Rapidement il fut en vue des montagnes secrètes, et lorsque enfin il posa pied sur cette nouvelle terre, un ardent rayon de lumière illumina sa chambre d’hôpital ! Tom se réveilla péniblement, tentant de comprendre ce rêve qui ne lui avait jamais semblé un…
            Pourquoi les eaux s’étaient-elles mise si soudainement à gonfler ? Est-ce que l’eau représentait tout simplement ce que l’on appelle…l’envie ?

Ne vous est-il jamais arrivé de vous poser la question de savoir si dans la vie tout n’est question que de hasards, coïncidences ou de destinée ? Qui sait que ce qu’il vous arrive n’est-il pas simplement planifié et orchestré du début jusqu’à la fin ? C’est en effet la question que l’on serait en droit de se poser si l’on s’en réfère aux biens surprenantes aventures de notre héros. Qui aurait pu songer que cet accident qui lui coûta ses deux jambes lui permit de se retrouver dans un hôpital dans lequel l’amour viendrait frapper à sa porte ? Bien peu de monde, vous ne croyez pas ?
Peu de monde, oui, et surtout pas Tom Horse dont la vie avait depuis l’arrivée de ce camion maudit, pris une toute autre direction. Pourtant, elle était là, belle et gracieuse comme
un papillon fraîchement sorti de la rosée matinale. Elle s’appelait Gabrielle et elle était incroyablement douce comme seules les infirmières savent l’être, ou tout du moins, certaines !
Les cheveux bruns de la nuit, des yeux bleus venus du ciel, oh, elle n’était pas bien grande mais ce qui se dégageait d’elle devait lui valoir bien des jalousies chez ses confrères ! C’était d’ailleurs l’une des plus aimées autant du personnel que des malades, qui, voyant ce doux sourire posé son visage, ne pouvaient que reprendre goût à la vie ! Et c’est exactement ce qu’il se produisit avec notre ami Tom. A cette exception prêt que cette fois-ci, la belle infirmière non plus ne resta pas insensible aux charmes de ce séduisant jeune homme dont la vie venait pourtant d’être brisée en deux.

            
Peut-être vous demandez-vous ce qu’il suivit de cette histoire ? A vrai dire, les premiers temps furent on ne peut plus heureux. Un mariage et un enfant, Michael, vinrent bien vite couronner d’amour cette formidable passion qui entoure deux êtres, et Tom, bien loin de se douter de ce qui allait encore lui arriver, ne fut, semble-t-il jamais plus heureux de toute sa vie. Hélas, mille fois hélas, celle-ci ne saurait être aussi facile, aussi simple que l’on aimerait qu’elle le soit.
Gabrielle, cette femme si douce et si charmante avait pourtant ce que l’on pourrait appeler une sorte de point faible. En effet, comment ne pas parler de ce père, à l’apparence si fraternelle et qui pourtant n’était pas ce que son visage et ses mots exprimaient. Cependant, les premières réunions familiales se passèrent on ne peut mieux. Mais bien vite Tom remarqua quelque chose dans la conduite de sa femme et de son beau- père qui allait s’avérer très dangereux pour la survie de leur couple. Dangereux, sinon fatal.
Le père de Gabriel, ténébreux et charismatique, robuste et possessif et qui se prénommait Victor, avait- il est vrai – hélas - une étrange influence sur sa fille. Celle-ci, certes grandement amoureuse de Tom n’en était pas moins sous l’entier contrôle de son père…

A vrai dire, Victor avait un pouvoir. Oh, bien sûr, je vous entends rire d’ici mais songez-bien que je pèse chacun de mes mots. Un pouvoir ? Oui, pas ce genre de pouvoir qu’ont les super-héros que l’on voit à la télé ou dans les films, pouvant déplacer les montagnes ou éventrer un immeuble en deux d’un simple regard ou claquement de doigts. Non, je vous parle de ce pouvoir qui pénètre en vous pour ne plus jamais en repartir. Victor avait ce pouvoir. Celui de vous faire croire à l’incroyable, à l’impensable, bref, à l’impossible ! Et le plus étonnant de tout cela est que Tom lui-même, oui, notre Tom, se laissa berner par cet homme décidément sans scrupules et se mit à avaler les mêmes balivernes que sa femme.
            Vous vous demandez sûrement ce que Victor réussissait à faire croire à ce qu’il appelait sa « famille ». Eh bien, à peu près tout ! Par exemple, s’il y avait un avis à donner sur quoi que ce soit, vous pouviez être sûr que le sien était le meilleur. L’éducation de Michael ne se faisait pas sans heurts, loin s’en faut, quand c’est le grand-père qui décide de ce qui est bon ou ne l’est pas pour l’enfant. Et Gabrielle, que disait -elle ? Pas grand chose à vrai dire, elle acquiesçait, voilà tout. Elle disait oui à tout ce que disait son père et rares étaient les décisions qu’elle prenait par elle-même, c’est dire le contrôle qu’exerçait cet homme sur sa fille.
            Tom resta donc longtemps, très longtemps aveugle également. Cependant, alors qu’ils se trouvaient tous réunis dans le jardin de la maison, assis autour d’une table, la tournure que prit la conversation interpella Tom. Voici, en quelques mots, quelle en était la teneur. Tom, tenant amoureusement Gabrielle par l’épaule, dit alors :

« - Je suis vraiment content de Michael, ses progrès sont fulgurants.
  • Oui, c’est vrai, répondit Victor, ce jeune homme ne manque pas de bon sens.
  • Je trouve aussi. D’ailleurs, nous sommes tellement en confiance que nous pensons lui faire bientôt un petit frère, ou une petite sœur, qui vivra verra ! Et Tom de regarder Gabrielle l’amour en fleurs dans leurs yeux.
  • Il n’en est absolument pas question.
  • Pardon ?
  • Je dis que vous ne le ferez pas. Je vous l’interdis. Tom n’en croyait pas ses oreilles. D’habitude, il aurait acquiescé sans rien dire, mais cette détermination, cette lueur de rage qui se propageait dans les pupilles de cet homme lui glaça soudainement le sang. Gabrielle, elle, avait seulement pris note de la décision et semblait l’accepter comme une élève écoute son maître d’école dire la marche à suivre pour tel ou tel énoncé.
  • Mais pourquoi ? Pourquoi est-ce si mal selon de vous de lui faire un frère ou une sœur ?
  • Ecoutez, le moment n’est pas venu, c’est tout. Ne discutez pas. Je vous dirais quand cela sera possible ».

Voilà, voilà en quelques mots quelle fut cette horrible conversation qui sortit lors de cette après-midi ensoleillée. Ainsi, en un instant, toutes les croyances de Tom, toute la confiance qui l’habitait disparut en l’espace de quelques secondes, tel un foudroyant ouragan qui allait bientôt tout emporter sur son passage…

Souvent, quand on est encore qu’un petit enfant, on fait de nombreux rêves. Bien sûr, on sait que ceux-ci n’arrivent que très rarement mais parfois, comme si un peu de magie s’était répandue sur votre berceau, il arrive que certains d’entre eux prennent forme. Quand on est adulte, ces rêves sont toujours là, prisonniers quelque part en vous, sans doute dans votre cœur à vrai dire.
                                                                                                                        
Tom Horse avait réussi là où tant d’autres avaient échoué, c’est à dire que ces rêves les plus fous s’étaient réalisés et il avait envie de crier à la terre entière son bonheur. Cependant, comme vous le savez tous, à la fin d’un rêve, il y a toujours le réveil. Pénible, amer, voire quelquefois monstrueux.
Non, pour Tom, cela n’était pas un rêve et sa femme allongée prêt de lui, dans leur lit, alors qu’il se réveilla lui fit alors ressentir combien la vie pouvait être douloureuse. Cette femme dont l’innocence ne pouvait que vous émouvoir était pourtant celle qui vous faisait naître tant et tant de larmes. Car, en effet, comment aimer une femme qui n’est plus vraiment la vôtre ? C’était en tout cas ce que ressentait Tom alors qu’il la regardait endormie. Il se rendait soudainement compte que l’amour entre deux ne serait jamais vraiment possible. Depuis toute petite Gabrielle était hypnotisée par son père qui tirait sans vergogne les ficelles de ce qui pour lui n’était rien d’autre qu’une marionnette.
Souvent, quand on veut croire fort, si fort en un rêve, inconsciemment, on fait semblant que tout va bien, que l’on vit dans le plus merveilleux des mondes. Parce que l’on a
tellement souffert avant qu’une nouvelle blessure serait encore plus atroce que jamais. Et c’est bien normal, car qui aime souffrir ? Tom avait eu cet accident, jamais plus il ne marcherait, il le savait, et c’était là un combat qu’il avait dû remporter seul avec l’aide de celle qui deviendrait sa future épouse. Oui, alors qu’il n’y croyait plus, on lui avait tendu la main, on lui avait dit que non, il n’était plus seul désormais pour continuer cette étrange aventure qu’est la vie. Quelqu’un serait dorénavant à ses côtés et ce quelqu’un ne pouvait que le rassurer.

La lumière du matin traverse doucement les rideaux et embrasse la peau d’ivoire de ce qui fut autrefois de l’amour. Mais l’amour est parti, en fumée, avec ce père gourou. La femme idéale, Tom Horse ne l’avait pas rêvée, non, mais il l’avait inventé. Il avait chacune des qualités qu’il espérait un jour trouver chez la femme … de ses rêves. Oh, elle n’était pas méchante, croyez le bien, mais tout comme lui, elle vivait dans un autre monde, celui de Victor, pas celui de Tom.

            Et ce merveilleux rêve s’était alors transformé en cauchemar.

            Tom devait se réveiller. Et vite.

            Après, il serait trop tard.


N’avez-vous jamais remarqué que la plupart des histoires fabuleuses sont parsemées de personnages pour le moins peu fréquentables et qui, souvent, n’ont d’autre but que de vous empêcher d’être pleinement heureux ? Comme si ce bonheur les renvoyait à leur propre malheur. Il y a des mauvais génies partout, et dont les sourires de façade ne masquent qu’une profonde tristesse et un profond désarroi. Des mauvais génies qui n’ont pas eu la vie qu’ils souhaitaient, qui ont souffert en silence, seuls. Qui se sont égarés dans les méandres de l’amertume, et qui ne veulent désormais plus être les seuls à souffrir. Victor était sans doute l’un de ceux-là, bien que personne n’ait jamais vraiment sondé les abîmes de son cœur.

Bien sûr, nous n’avons pas pour but de nous apitoyer sur le sort d’un être aussi maléfique, mais plutôt de comprendre quelles sont ses motivations. Tom Horse a toujours soutenu –et soutient encore plus que jamais- que nul n’est complètement mauvais, et, qu’au fond de chaque cœur se trouve de l’amour, même s’il est vrai que parfois, il faut creuser, creuser, creuser encore plus profond où nul n’est jamais allé.
Ce qu’il y a de plus embêtant avec ces mauvais génies, c’est qu’ils sont des plus envoûtant, un charme auquel bien peu peuvent résister. Tom était de ceux-là. Sa nature généreuse le poussa dans les bras du Mal et comme souvent, le Mal s’est montré séduisant, disant à Tom tout ce que celui-ci avait envie et besoin d’entendre : que son bonheur rejaillissait sur toute la famille, que sa femme et son fils étaient des personnes formidables. Comment ne pas croire quelqu’un qui vous dit tant de bien ? Impossible de ne pas succomber, impossible, ou presque.

L’on dit que seul un mauvais génie reconnaît un mauvais génie. C’est pourquoi il aura fallu à Tom pas moins de sept années avait qu’il n’ouvre les yeux, qu’il se rende compte combien il avait été trompé. Pourtant, les mensonges de Victor s’avéraient si énormes que vous auriez sans doute du mal à comprendre comment une personne aussi sensée que Tom a pu les croire. Prenons cet exemple-ci : d’après Victor, une invasion de la mer rouge était programmée depuis la nuit des temps par les extra-terrestres ! Oh, bien sûr, je vous entends d’ici, je vous entends dire que vous n’auriez pu contenir votre rire face à celui qui vous assenait cette drôle de vérité. Mais rire est une chose, se trouver dans la peau d’une personne en est un autre. Et qui aurait été dans la peau de Tom Horse ne serait-ce que quelques jours à cette poque-là ne se serait sans doute pas esclaffé à l’écoute de ce récit d’invasion. Car le magnétisme de l’homme était grand.
Enfin, croyez-moi cette fois encore, mais je connais bien peu d’hommes qui ne soient sensibles aux compliments. Vous les croyez les compliments que l’on vous fait ? Oui, bien sûr que vous les croyez…puisqu’on vous les dit.
Il est des combats, il est des victoires au goût bien amer. Celle que mena Tom Horse contre lui- même eut ce goût-là. En effet, combien de courage et de volonté lui fallut-il pour se mesurer à l’être le plus monstrueux qu’il ait jamais rencontré sur sa route ? Il avait du réagir, ou mourir. Et des deux, il avait choisi le premier. Car où le menait ce chemin désormais sans issu quand on a les yeux ouverts ? Que lui apporterait un amour factice, auquel plus personne ne croit sinon dans le mensonge ?
Face à l’adversité, l’indien est toujours serein. La mort est présente à chaque instant et lui faire face est le plus bel hommage qu’on puisse faire à la vie. C’est se donner corps et âme, feu et flammes à ce qui fait le sel de notre existence : l’amour. L’amour, quel plus combat que celui-ci ? Combien de défis serait-on prêt à relever pour lui ? Lui et son fils. Car Michael était désormais au centre du monde, de leurs mondes à tous.
Divorcer n’est jamais une chose aisée, et encore plus lorsque la vie d’un enfant se voit scindée en deux. A cette époque-là, Michael n’était pas bien grand, à peine huit ans. Mais même un enfant de huit ans ressent la peine que peuvent éprouver ses parents, et surtout la sienne. Faire du mal à son propre enfant, c’était bien la dernière chose auquel l’on pense. Mais il est des vies qui ne prennent pas toujours le chemin que l’on voudrait. Tom Horse devait se séparer de Gabrielle, coûte que coûte et il devait se battre pour son fils, à travers les espoirs et le doute.

Dans les premiers temps, il était naturel pour tous que Michael aille vivre chez sa mère, le handicap de Tom n’étant pas fait pour améliorer sa position. Mais tout n’était pas fini, non, bien au contraire, tout venait justement de commencer. Tom allait se battre pour la garde de son enfant, quel que soit le prix à payer.
Mais avant de livrer cette dernière bataille, Tom se rendait régulièrement dans la maison de son ex- femme afin de voir leur fils, prendre des nouvelles, jouer, jouer et rire, un peu comme si c’était avant. Mais Gabrielle ne vivait plus seule, et pourtant rien n’avait vraiment changé puisque c’est chez parents qu’elle s’en alla se réfugier…

Tom eut beaucoup de peine ce jour-là. Il s’en rappelle encore et encore… Lorsqu’il sonna à la porte, Gabrielle lui annonça que le petit était malade. «  Mais ça ne m’empêche pas de le voir ! » protesta avec véhémence Tom. Malade Michael ? Alors comment se fait-il que Tom ait pu apercevoir furtivement son visage derrière le rideau de la fenêtre avant que celui-ci ne disparaisse sous l’insistance de ce qu’il considérait autrefois comme sa belle-mère.
 «- Ils me disent qu’ils vont appeler la police si tu ne pars pas, lui dit alors Gabrielle.
  • Mais je ne veux que voir mon fils ! »
Les larmes envahissaient les pupilles de Tom. Son poing se serra de rage. Mais il n’en fit rien. Cette colère pourrait le priver encore plus de son fils. Car il restait encore une chance. Les tribunaux n’avaient pas encore tranché.

            L’indien repartit sans un bruit. Dans sa tête, le combat allait être sans merci.

Dans la vie, il y des scènes que l’on oublie pas. Des scènes qui vous marquent de leur sceau fatal. Drôles, parfois émouvantes ou cruelles, elles sont ce que la vie est. Ce jour-là, Tom Horse était loin d’imaginer que ce qui se passerait dans cette pièce resterait gravé en lui comme une cicatrice indélébile, de ces blessures qui ne se referment jamais vraiment.
Cela se passa chez le juge, il voulait se battre pour la garde son enfant. Devant cette femme aux cheveux poivre et seul, qui l’accueillit avec rien de moins qu’un regard hautain, Tom Horse exposa longtemps ses arguments qui, pensaient-ils allaient lui donner raison. Une heure durant laquelle cette juge – puisque, paraît-il, c’est ainsi qu’on l’appelle – ne montra aucun signe d’intérêt à ce que pouvait bien lui raconter cet homme détruit devant lui. Que faisait-elle ? Oh, eh bien, elle se « contentait » de mâchouiller son crayon, d’acquiescer quelque fois, de regarder ses notes et son ordinateur. Quelle indifférence à la souffrance ! Oh, combien Tom était déçu de ce comportement ! Enfin, quand notre héros eut finit de parler, la seule chose que cette dame trouva à dire, d’un ton sec, fut « c’est bon, c’est fini ? ». Tom resta interloqué un long instant. Bouche bée, il ne trouva rien à répondre devant quelqu’un qui, à l’évidence, se fichait totalement de son problème. Il se tourna vers son avocat qui, lui, regarda sa montre, comme si la vie d’un enfant était moins importante qu’un déjeuner ou qu’un rendez-vous chez le coiffeur !
Tom repartit donc la tête basse et le cœur lourd. Il le savait, jamais il n’obtiendrait la garde de son enfant. Cette juge lui apparaissait plus comme un boureau qu’un défenseur de la justice ! Et son avocat…de la même trempe tous les deux, oui, du pareil au même, ne compte que l’argent du client, la vie d’hommes, femmes et enfants défilent sous leurs yeux comme autant de tiroirs-caisses et de compte en banque pour les prochaines vacances. Bien sûr, tous,
                                                
heureusement, ne sont pas comme cela. Sauf pour Tom. Pour lui il ne voyait derrière tout ça qu’une machine à broyer les gens.
Gabrielle, Victor et tous les autres pouvaient afficher un sourire de circonstance. Un sourire moqueur, narquois. Tom, voyant que son ex-femme non plus ne se décidait pas à ouvrir les yeux compris toute la cruauté de la situation… Et alors qu’il franchissait un à un les couloirs du palais de justice, il ne pensait qu’à son fils, au visage de Michael que désormais, il en était hélas certain, ne reverrait plus guère souvent.

Quand Tom rentra chez lui, il passa de longues journées et nuits à pleurer. Pourquoi le sort s’acharnait-il contre lui, alors qu’il ne voulait que le meilleur pour son fils ? Pourquoi la haine et l’indifférence des gens se révélaient des armes plus fortes que l’amour et la justice ? Pourquoi cette société ne comprenait pas ? Pourquoi, pourquoi ?
Ces questions, Tom Horse se les est posées bien souvent, sans trouver de véritable réponse. Dire que c’est la vie, que le monde est ainsi fait ? Non, pour lui, tout cela n’avait aucun sens. Décidément, il n’y avait plus qu’une chose à faire…

Que le hibou se terre dans son trou.

Dans le jardin de Tom Horse se trouve un vieil arbre centenaire. Un jour, à son pied, on y a trouvé ce poème. Tom a toujours nié en être l’auteur. Cependant, rien n’est moins sûr. En effet, en le lisant, on ne peut que s’interroger. Voici ce qu’il y avait écrit :

Le hibou n’était pas mort

Demande d’un autre sort

Le hibou cherchait la lumière

La sortie de l’enfer

Un autre chemin

Quelqu’un qui lui tende la main.

Sorties de route

L’envie et le doute

Y jeter juste un œil

Essayer de faire son deuil.

Rentrer sortir, rentrer sortir

Peur de l’avenir.

Que se passe-t-il dehors ?

Une plume, une aile, un corps 

S’avancer à petit pas

Si l’on veut encore de moi

Moi hibou câlin

Qui voudrait voir des nouveaux matins.



Intriguant, non ? Qu’en pensez-vous ?
                                                                        


Est-ce que vous vous souvenez du cheval blanc dont je vous avais parlé tout au début ?  Rappelez- vous… Tom n’était encore qu’un enfant et il voyageait dans le camion de son père quand soudain, courant dans une magnifique prairie verte, il avait vu ce cheval, ou plutôt cette licorne, car c’est ainsi que l’on appelle les chevaux avec une corne sur le front et des ailes dans le dos !
Ce jour-là, Tom s’était frotté les yeux si fort que le fabuleux animal avait hélas fini par disparaître. Mais le doute persistait. Il persista même toute sa vie. Mais cela faisait maintenant longtemps que notre ami Tom n’était plus un enfant. Ses rêves étaient devenus des cauchemars plus horribles les uns que les autres, hantant, épouvantant ses nuits aussi bien que ses jours. Oh, que n’aurait-il pas donné pour revenir ne serait- ce que quelques secondes en arrière pour pouvoir arranger les choses et faire que cet accident de moto n’ait jamais eu lieu ! Combien il s’y serait alors prit autrement ! Mais la vie est ainsi faite et le passé restera à jamais passé. Pourtant, il y a une chose que Tom voulait absolument changer, à laquelle il ne voulait se résigner. Il voulait rêver à nouveau !

Au fait, il y a peut-être bien une question que vous vous posez depuis quelques-temps et à laquelle je n’ai toujours pas répondu, à savoir ce que faisait Tom comme métier une fois devenu adulte. Eh bien, ne pouvant plus user de ces jambes, Tom avait décidé que désormais ses mains seraient son don le plus précieux et le plus rare de tous ! Et combien avait-il raison ! Sculpteur, tel était le métier auquel il se dévouait depuis son accident. D’innombrables statues virent le jour, représentant parfois des êtres malicieux, parfois d’autres plus méchants ou encore un mélange des deux !
Et c’est ainsi que Domino vit le jour. Domino ? Oui, tel est le nom de ce fantastique cheval autrefois aperçu et qui désormais prendrait corps sous les mains de Tom. Il le fit blanc, comme symbole de la pureté. Certes, il n’y mit ni ailes ni corne sur son front car il ne voulait sous aucun prix qu’on sache que derrière le cheval se cachait une licorne. C’était son secret à lui et personne d’autre ne devait y avoir accès. Personne ? Vraiment ? A voir.

Au fond, Tom n’avait pas autant grandit qu’on aurait pu le croire. Dans son cœur il gardait toujours ses rêves d’enfants, ces rêves de liberté, comme lorsqu’on monte sur le dos d’un magnifique cheval sauvage et qui vous emmène là où personne n’est jamais allé, là où les ennuis et le chagrin n’existent pas. Un lieu magique et féerique dans une réalité bien triste et cynique. Un endroit où, à coup sûr, tous les enfants veulent aller.

Et pas que les enfants…

Ca y est !! Je crois que Tom recommence à rêver !

Ainsi la première partie de la vie de Tom Horse passa-t-elle, avec ses joies et ses peines, ses heurts et malheurs, dans la différence, la souffrance, l’indifférence de ceux qui rêvent tout bas. Oh bien sûr, tout n’était pas noir dans son corps et dans sa tête. Il y avait bien sûr de la lumière, cette lumière qui vous aveugle le regard, et qui ne cesse de grandir dans l’horizon. L’indien n’était pas mort, le hibou bien vivant. Parfois, la vie nous joue de bien drôles de tours qui ne font rire qu’elle-même. Mais que peut-on y faire ? Pleurer sur son sort, baisser les épaules et abandonner la lutte ? Certains, hélas, estimant que le poids à porter est trop lourd et trop injuste, en arrivent à ne plus croire en rien ni personne et surtout pas eux- même.
Sans doute Victor, une fois son suberfuge dévoilé, aurait voulu que Tom soit de ceux-là. Mais dans sa quête de l’infernal, Victor avait oublié que même si les sentiments peuvent parfois être en berne, jamais ils ne meurent vraiment. Souvent, une étincelle suffit, juste un vague pour ranimer la flamme et traverser les tempêtes les plus violentes. Oh, Tom Horse était loin de se douter de ce qui l’attendait dans les années à venir et il me faudrait remplir des livres et des livres entiers de ses aventures pour vous raconter tout ce qu’il lui arriva par la suite. Peut-être aurons-nous la chance de nous recroiser, ainsi, je pourrais vous narrer la suite.

Nous allons donc – pour le moment – nous séparés, en espérant que ce voyage en eaux parfois troubles ne vous a pas trop troublé ni peiné. Notre but était tout simplement de vous faire partager un morceau de vie d’une personne qui nous est chère et dont les aventures ne ressemblent à aucunes autres, c’est le moins que l'on puisse dire !

Dans tout cela, j’ai failli oublier de vous raconter ce qui arriva alors que Tom Horse, endormi, se laissa emporter dans de bien étranges et merveilleux rêves. A quoi rêva –t-il ? Eh bien tout simplement à cette fabuleuse licorne qu’il avait vu dans un champ puis créé de ses propres mains. Il la revoit encore et encore, à la différence prêt, que cette fois-ci, non seulement elle le porte sur son dos, mais elle porte également Michael, assis juste devant son père rit à gorge déployées de voler dans le ciel et de voir en- dessous d’eux tous ces êtres humains qui ne sont guères plus gros que des fourmis. C’est un rêve dont Tom Horse ne voudrait jamais, jamais se réveiller, alors, laissons-lui ce plaisir là et éloignons-nous tout doucement, à petits pas, et laissons-le dormir encore un petit peu…
La petite fille rêvait d’une autre histoire. Un peu moins suicidée, un peu moins tâchée. De son enfance elle ne se souvenait de pas grand chose. Trop trash pour en être fière. Elle se rappelait encore l’image de son père au bout de cette ceinture, ceinture pendue au plafond. Un jeu sm on lui avait dit. Mais qui avait mal tourné. Elle avait commencé à se maquiller juste après. Parce que son père, bon dieu, elle l’aimait. Il lui offrait toujours des bonbons.
A l’enterrement, c’était en mode rimel et mascara, noir sur teint pâle. Pour oublier ça, qu’il n’était déjà plus là. Et pour faire corps avec lui, être ce beau cadavre ambulant dont on parlerait si longtemps. Parce que personne ne la comprenait, parce que personne ne voulait guérir ses plaies, elle s’était dit qu’il était temps d’en finir avec ces conneries.
Parce que quoi, la vie c’était ça ? A l’école ils ne voulaient pas, non ils ne voulaient pas d’elle. Parce qu’elle était si seule, qu’elle ne riait pas, qu’elle était différentes des autres, alors on la montrait du doigt on disait des choses sur elle, des choses pas très belles vous comprenez. Au début elle s’en fichait, et puis, elle les regardait, les amoureux, et ça faisait mal. Beaucoup trop mal. Elle se demandait pourquoi le monde était comme ça, pourquoi l’amour, son amour, n’était que masturbatoire et blasphématoire ? Pourquoi faisait-elle ça maquillée, mettant le pied nu sur le carrelage blanc de la salle de bain, plongeant habillée dans l’eau froide de la baignoire, ouvrant grand le trou béant, ses lèvres sa bouche sur le flingue de papa. Et elle pleurait, elle pleurait ses longs cheveux bruns sur ses yeux noirs de ne plus pouvoir avancer. Elle pleurait d’être condamnée. Ce monde était une folie, il fallait trouver la porte de sortie, la force d’appuyer sur la gâchette, s’éclater le putain cerveau en mille morceaux.
En fait Justine en voulait au monde entier. Oui elle devait les tuer eux. Elle s’imaginait à l’école, à l’enterrement. Elle les tuerait tous ces chiens, ceux qui crachaient maintenant sur son père, ceux qui crachait sur elle à l’école. Elle s’enfonçait dans l’eau de son bain et fermait les yeux. C’était si beau le paradis, son paradis. Elle rêvait de ce jeune homme brun qui entrait dans la pièce, qui pénétrait le bain sa solitude son interlude. Il ne dirait rien, juste un regard juste des mains sur son corps. Lui aussi habillé dans l’eau froide, il se rapprocherait d’elle, lui lécherait ses cicatrices, lui lécherait les lèvres. Pas de sexe. Non pas de suite. Juste deux ou trois caresses là ou il faudrait. Juste assez pour se sentir en vie. Et il partirait, et il reviendrait, la baiser sur les seins sur le sexe. Avec de l’amour. Beaucoup d’amour.
Après ça elle prenait l’arme et la laissait glisser où ça importait. Et elle jouissait ainsi. Comme ça ne se fait pas. Et après chaque jouissance elle pleurait plus fort, oui plus fort encore, parce que les fées viendraient la réveiller dans le noir, la sortiraient de son de amant de tout le temps.

Les gens se demandent souvent pourquoi les jeunes veulent en finir. Pourquoi un jour ils veulent tous mourir. Mais les gens ne comprennent pas l’histoire d’une souffrance adolescente. Quand grandir fait tant souffrir, quand pleurer n’est plus assez. Oui les gens ne comprennent pourquoi on se maquille au fond de soi, au fond de sa joie. Pour allez plus loin plus fort la mort. Parce que comprenez, se faire mal, se taillader, se saigner la peau s’est encore être vivant. C’est sentir l’amour du fer sur la chair.

C’est un signe d’espoir, pas un au-revoir.

Je ne vais pas vous mentir, je vais vous le dire. Justine ne voulait plus voir ça. Elle était bien allée chez le psy mais il ne l’avait tout simplement pas cru. Il lui avait dit que c’était normal qu’à son âge, qu’à cause de son père etc etc, toutes les conneries que vous pouvez imaginer en somme. Justine lui avait expliqué que la solitude c’était avant son père, c’était comme ça depuis ses 7- 8 ans… qu’elle ne savait pas pourquoi… qu’elle passait ses journées devant sa télé, à rêver d’être une star, cette star aimée d’elle et d’eux. Oui elle voulait les avoir tous à ses pieds. Ne pas crever en vain. Et puis elle s’était vite rendu compte que tout ça était perdu d’avance. Quoiqu’elle puisse faire, la mort viendrait la chercher. Elle avait parlé de tout ça, de toutes ces angoisses-là à ce psy. Mais il avait rit encore une fois.

Ce fut une fois de trop.

Elle avait toujours douté des adultes qui prenaient les ados de si haut. Il avait rit, lui avait dit de ne plus penser à ça. Son cœur, bon sang, vous auriez vu son petit cœur, il avait explosé en tout plein de petits morceaux partout dans son corps. Alors elle lui avait expliqué sa masturbation, avec l’arme de son père et son regard avait soudainement changé. « Fais moi voir comme tu fais » lui avait-il dit.

Et elle lui avait fait voir. Ou presque.

Car la dernière fois qu’elle eut joui, il n’était déjà plus en vie. Elle s’était levée de sa chaise et avait fermé la porte à double tour. Le psy se disait qu’il pourrait sans doute y mettre la langue. « Tout va bien se passer, avait-il continué. Montre-moi. Montre-moi comment tu fais. » avait-il continué. Et elle lui répondit qu’il pourrait faire tout ce qu’il aimerait. Puis elle sortit son arme et l’exécuta d’une seule balle.

Après ça, assise sur sa chaise, elle a commencé a relever sa jupe et à se masturber. Oh comme c’était bon les yeux fermés, l’arme chaud sur sexe froid. Elle les entendait mais ne les entendait pas. Ils voulaient forcer la porte et elle rêvait qu’elle était dans son bain, habillée les cheveux bruns mouillés. Et elle le voyait entrer, souriant et doux et il la pénétrait cette fois, il l’embrassait sur les joues sur les lèvres. Oui… oui, il lui disait « je t’aime, je t’aime, je t’aime ». Et c’était beau, et ça faisait mal, ce sang qui coulait de son sexe.

L’arme avait déchargée en même temps qu’elle. Elle souriait.

Elle n’avait jamais été aussi belle.
  
Au début j'en ai pas cru mes yeux. Je vous jure, ce sont eux qui on fait que je préfère Satan. Bon sang, vous les auriez vu, ce type et cette femme, avec leurs airs hautains et tout. Ils sont passés devant elle comme si elle avait la peste, et à vrai dire, pour eux, elle avait bel et bien la peste. Comprenez, la fille était pauvre et elle tendait la main. Vous devinez pourquoi. Elle avait l'air d'une prostituée droguée. Ce qu'elle était. Mais elle était pas méchante. Bon ok, c'est sûr, le fric qu'elle demandait, c'était pour de la dope. Sa putain de dope qui lui rendait le monde meilleur. Elle avait les cheveux blonds complètements ébouriffés et son rouge à lèvres partait dans tous les seins. Ses yeux, eux, bon sang, on voyait trop bien qu'elle avait chialé un bon milliard de fois tant son rimmel coulait sur ses joues. Perso, je la trouvais vachement chouette, belle je veux dire. On aurait dit une petite fée un peu beaucoup paumée voyez. Et j'allais la protéger, la sortir de tout ça. Enfin, c'est ce que je me disais.
J'arrivais pas à lui donner d'âge. Au début, je pensais dix-sept piges, quelque chose comme ça. Mais les prostituées font jamais leur âge. Alors bon, ça se trouve, peut-être qu'elle avait dans les quatorze quinze. J'essayais de m'imaginer comment elle en était arrivée là. Je me disais qu'avec ces vieux, ça avait pas du coller quelque part et elle s'était fait la malle. Ca arrive vachement souvent ces trucs-là. Je veux dire, que les vieux ils captent que dalle, que l'adolescence ça peut être vachement merdique quand on y pense. Que des fois, on voudrait que tous ces crétins à l'école ils meurent un bon coup. Non mais. Sérieux, les parents, ils pensent qu'à leur boulot ou à leur voiture, c'est tout ce qui compte. Vous pouvez crever rien à fiche. J'sais pas si vous vous rappelez ces deux mômes, elles avaient ce truc qu'il y a partout sur le net, des blogs qu'on appelle ça. Elles avaient dit qu'elles voulaient se barrer de là. Et quand je dis barrer, c'est genre dans les étoiles et tout. Bref, elles l'avaient écrit sur leur blog, mais quoi ? Les vieux, ça se trouve, ils savaient même pas qu'elles avaient un blog. Sérieux, les mômes, faut pas les laisser crever. Bordel, pourquoi y'a jamais personne qui nous tend la main ? Alors bon, y'a ces profs à l'école, mais c'est pas ça. Ca reste des adultes comprenez. Bon, et puis y'a la musique. Putain ce que c'est bon de s'isoler dans sa bulle. Moi je fais ça tous les soirs. Je me branche un truc et hop je pars.
Parce que faut bien comprendre que cette société, y'a quand même un paquet de trucs qui clochent dedans.

Alors bon, forcément, vu qu'on a vingt piges, on comprend rien au monde, soit disant. Mais putain ce qu'ils sont naïfs, putain ce qu'ils sont loin de nous. Ca fait peur. Je vous jure ça me fait flipper à mort.
C'est pour ça que j'ai choisit Satan. Parce que dieu, c'est qu'un sale crétin. Sans déconner. Jésus, il raconte que si on lui fou une baffe, il tend l'autre joue. Tu m'étonnes qu'il a fini sur une croix après. Bon, en même temps je sais bien que tout ça c'est des conneries. Déjà ce gars, Jésus, y'a personne qui parle de lui dans les cent premières années. Et là je blague pas. Les cents premières années y'a personne qui a écrit sur lui. Ou alors c'est qu'on a rien trouvé. C'est pour ça, la religion, tout ça, ça me fait bien rire, c'est mensonge sur mensonge. C'est laid, c'est nous. Avilissant et désespérant.
Alors quand je suis rentré sur le seuil de l'église j'ai vu ce type, ce mec qu'on dit curé, et il faisait des grands gestes avec ses bras et patati et patata et les gens écoutaient comme si c'était super important ce qu'il disait. Pour eux ça devait l'être en tout cas. Là, j'ai comme qui dirait hésité entre chialer et me bidonner. Putain, mais y'avait que des moutons. Je me disais, quoi, ces gens, c'est nos parents ? Ils sont si crétins ? Je veux dire, on a vraiment besoin de gens qui nous disent ce qu'il faut faire de nos fichus vie ? Merde, on est pas capable de décider par nous-mêmes ce qui est nase ou ce qui l'est pas ?
Alors j'ai rigolé, et la fille à côté aussi. Elle savait pas pourquoi je rigolais mais elle trouvait ça cool que quelqu'un s'éclate en regardant une messe. Sérieux, c'était vachement chouette de rigoler avec elle. Entre nous, si vous voulez savoir, ça a tout de suite passé. On sentait trop bien qu'on était sur la même longueur d'onde et tout. Qu'on pensait la même chose sur les gens qui s'enchaînent à leurs peurs, juste pour croire qu'un monde meilleur les attend. Sauf qu'on est attendu nulle part. Enfin, les vers peut-être, à diner...si nos os sont pas trop pollués. Merde, ça me ferait bien chié que mes os fassent du mal à des bestioles qui ont rien demandés rien cherchés. Sans déconner, je voudrais pas ça.
Bon, avec la fille, on s'est embrassé juste devant l'église et c'était vraiment chouette. On aurait dit un mariage. Ouais, carrément. Le truc, c'est quand on a eu fini avec la langue, elle a sortit son flingue de son bas et s'est tirée une balle dans la tête.
Je me rappelle encore, je lui ai soulevé la tête et je lui ai demandé pourquoi elle avait fait. Vous savez ce qu'elle m'a répondu ?

- Je voulais juste partir sur un bon souvenir.
  
Entrée dans un coma dans un monde sans toi
Maquillée devil and goth, elle n’a pas eu le choix
Tous ces laids tous ces doigts pointés sur elle
Sur sa peau sur sa bouche le poison so dark
So sexy ma chérie qui voudrait rester en vie

Sixteen Suicide the only way to paradise
Sixteen Suicide it makes you cry

Car le monde est un enfer oui les hommes sont immondes
Car leurs promesses sont le pervers de ta jeunesse
Et te caresser te masturber qui te donne la joie tu vois
Le cœur ténébreux pour rejoindre ton amoureux
Oui la haine la mort nous rend joyeux
Tomber dans tes bras tomber sans fin oui j’adorerais ça
Juste te serrer un peu et tuer valentin
Saint Valentin qui ne vaut plus rien

Sixteen Suicide embrasse-moi le chemin
Sixteen Suicide sur mon sexe je sens tes mains

Sixteen Suicide non ne renonce pas
Sixteen Suicide je t’en pris viens avec moi
On s’en ira si loin de tout et d’eux
Tu verras on fera on sera les gens heureux
On trouvera un ciel un peux moins bien c’est certain
On parlera de nous à l’imparfait et ce sera bien
O ils pilonnent
A la surface
De ta grâce
Comme une fente
Dévastée
Constellée
Dépoussiérée
De tes ébats
A deux à deux
Comme un combat
Qui se perd dans ton bas
Dans un souffle
Qui s’attouche
Qui se couche
A ta nouvelle aurore
A ton nouveau corps
Mais ils s’y mettront
Ils s’y épuiseront
Le dard un peu blafard
Pilonné
Prosterné
Agenouillé
Sur ta fleur.
Une floraison
Une pénétration
Double
Doublement vague
A marée basse
Et parfois haute
La sève sur ton os
Pénis sur carapace
Perdu dans la masse
Et tu succomberas
A leur
Trépas
Emois
O leur petites morts
Mortes dans ton corps
Oh oui encore
Encore un peu fort
Où le vent t’emmènes
A travers les plaines
De tes pores
Devenues si pleines
De porcs…
Que tu adores
Comme la beauté du sort
Aux effluves de la lumière
Qui se meut dans tes mystères.
O les vois-tu
Les vois-tu maintenant
Tous un peu plus grands ?
Les géants
Avec vue sur la lune
L’espace pour l’éjacule

Oh, l’incrédule…
JJe voudrais y croire
Je voudrais te voir
Te revoir
Dans le noir
Regarder la nuit
Prendre vie
En un corbeau
Non, un vampire
Sucer
Sucer ton sang
Ta moelle et tes os
Aspirer ta frivolité
Sortir dans la rue déguisé
En poème
En Verlaine
En absinthe de Rimbaud
Frimer et faire le beau
Parmi les éclairs
Parmi les orages
Etre une vague
Sans eau sans âme
Un néant d’autrefois
Juste un peu vivant
Oui, courir dans les bois
Et me tacher le cœur
Me saouler de peur
Ivre et incandescent
Et fuir
Fuir le labeur et le bonheur
Errer dans ton odeur
En bohémien de l’aurore
M’enfoncer dans la mort
Devenir une étoile
Un destin
Allonger les bras
Ouvrir les ailes dans une croix
Et voler
Oh oui voler,
Et puis aimer
Aimer le ciel
Chanter cette ritournelle
En bref n’être qu’une feuille
Qu’un torrent
Emietté dans le vent
Et finir, mourir dans une ode
Crever sur tes mots
Voir ça de là-haut
Voir les petits les grands
Et se demander s’ils sont beaux !
  
Le poison est un fatal sur ta peau en intégral
Je te voulais un peu plus dark un peu plus sale
Saint Valentin je t’offre mon venin
Dans ma bouche qui t’aspire ton Divin
Et parce qu’en toi je me sens bien
Je reviendrais peut-être demain
T’assassiner
Te faire Jouir
Te scarifier le cœur mon cœur
M’abreuver de ton sang dans un bain
Le prendre le répandre sur le satin

Dark Side of the Girl you’re so trash
It’s only with you that i wanna crash
Dark Side of the Girl laisse moi une trace
Une morsure pour mourir me noyer dans ta grâce

Oui le monde est sur tes lèvres
Oui tes yeux sont une trêve
Et qui m’achèvent
Dans ce si beau rêve
Ce rêve un peu goth de toi de ta peau
Quand danser dans ton noir me rend marteau

Parce que tu es belle
Parce que tu es éternelle
Que les vampires susurrent à ton oreille
Qu’ils voudraient bien faire pareil
Etre ton jouet dans la nuit
Ton sex toy accompli, perverti

Dark Side of the Girl donne la main
Dark Side of the Girl je t’en pris viens
Oui noyons nos chagrins, nos peines
Dark Side of the Girl oui laissons éclater notre haine.
Bon. L'autre jour je regardais la télé. Ouais je sais, je devrais pas, vu que y'a rien de plus nase la télé. Mais bon je suppose que j'ai eu un moment de faiblesse et bref j'étais allongé dans le canapé et je matais les infos. C'est là que j'ai vu qu'on arrêtait pas de passer sa photo à ce type qui vivait dans ce foutu pays où y eu deux avions qui se sont écrasés sur deux tours. Ce type, c'était un mec, pffff, vous savez quoi ? Il devait même pas avoir dix-sept piges. Sans déconner. Dix-sept piges. C'est que dalle. Je veux dire, on a peine vécu et paf on se tire une balle dans la tête. Et dans celle des autres aussi, tant qu'on y est. Parce que bon, voilà ce qu'il c'était passé. Le mec il était tellement seul qu'à à un moment donné il a pété un câble et il a pris un flingue qu'il avait acheté et il est allé dans son bahut avec. Alors bon, vous devinez la suite, le mec, ni une ni deux il a flingué tous pleins de types qui lui avaient cherché des crosses avant et il a aussi tiré dans le tas voyez. Forcément, y'a eu des tonnes et des tonnes de morts et forcément aussi la télé a pas tardé à venir sur les lieux. Juste après que le type se soit flingué et tout.
Le truc, si vous voulez savoir, c'est ce que ce type, il lisait des magazines ou ça parlait de nazis et de tous ces types qui ont fait plein de mal dans une guerre y'a super longtemps. Du coup, tout le monde a été d'accord rapidos. Le mec, c'était un nazi et voilà. Ca justifiait toutes les conneries qu'il avait fait. Les gens, c'était tout vu, c'était la faute aux nazis et ils allaient pas chercher plus loin. Le truc qui me faisait bien délirer, c'est quand j'ai entendu la voisine et qui disait « on voyait bien que ses lectures étaient pas saines. Une fois je suis tombé sur un de ces livres dans sa chambre ». Alors bon, déjà, je me demandais bien ce que la voisine pouvait bien foutre dans sa chambre à ce môme, et puis surtout, si elle le voyait que trop bien que le mec allait pas fort dans sa tête, pourquoi elle l'a pas aidé. Et là, ça a été le grand déferlement. Tous ses amis et toutes sa fichue famille disaient qu'ils savaient pour le coup des magazines et que selon eux, c'était vraiment un mauvais chemin qu'il empruntait le mec. Là je savais plus s'il fallait chialer ou se bidonner. Je veux dire, quoi, y' a ce type, tout le monde voit qu'il file du mauvais coton, tout le monde hein, et pas un ne vient l'aider, lui dire qu'il devrait pas lire ça ou faire ça. Juste les gens ils disent c'est pas bien maintenant et le pire dans tout ça, c'est que pour eux c'est comme s'ils étaient super fiers que eux ils savaient eux ils avaient bien compris que ça tournerait mal. Eux avaient une longueur d'avance sur tout le monde.

Sauf que eux, ils avaient rien capté au truc je crois. Parce que voilà, le mec – à mon avis – il demandait pas mieux qu'on l'aide, qu'on vienne lui dire qu'il se mélangeait sérieusement les pinceaux dans sa tête. Sûr que ça, ça l'aurait aidé. Mais non, tout le monde l'évitait, parce qu'il s'habillait comme ci comme ça et surtout en noir. Il portait pas mal de piercings aussi voyez. Alors bon, forcément, ça lui donnait une drôle d'allure. Je veux dire le genre de drôle d'allure qu'on croise pas vraiment partout voyez. Les gens, y'en avait pas mal qui l'évitaient, qui le regardaient bizarrement, et je crois bien que ça l'énervait drôlement.
Parce que ce que les gens savaient pas, c'est que le gars il avait comme qui dirait été violé par son grand –père quand il avait eu cinq six piges. Forcément, niveau mental, il avait jeté l'éponge. Je veux dire, des saloperies comme ça, on en sort pas indemne. Ca laisse des tas et des tas de traces dont certains se remettent jamais vraiment. Alors le type il s'habille super extrême et on trouve rien de mieux que de se foutre de sa gueule. Et c'est là où je me dis que peut-être si on c'était intéressé un peu plus à son cœur, et non à son look, peut-être qu'il aurait pu s'ouvrir, parler de tout ces trucs nases qu'il avait refoulé en lui. A mon avis, le truc, c'est que le mec, comme il avait ni frère ni sœur ni potes, il était là devant son pc et y'a eu ces fils de pute –pardon pour le gros mot – de mecs qui déversent leur haine à travers l'écran et ils ont bien vu que le type était super fragile et tout. Qu'il en fallait pas beaucoup pour qu'il dérive complètement. Alors ils lui ont dit que tous les autres c'étaient des salauds et qu'ils méritaient pas mieux que de crever. Au début le mec, il y croit pas, sauf qu'en allant au lycée, y'a un sale crétin qui lui crache sur la gueule et quand il revient devant son fichu pc les gens haineux lui disent qu'ils avaient bien raison, qu'ils méritaient pas de vivre ni rien. Et c'est là que le type le croit. Toutes ces conneries, il est à fond dedans. C'est devenu une foutue marionnette.

Une marionnette salement seule.


C'est pour ça qu'on pourra jamais excuser c'qu'il a fait. Même si c'étaient des gros crétins, les autres, ils méritaient pas de crever. Faut dire que ces crétins, le pire, c'est que ce sont juste des gens seuls aussi et qui trouvent pas d'autre manière de s'exprimer qu'en faisant les cakes. Ils se donnent des airs et tout, ils ont l'impression d'être des durs sauf qu'ils cherchent juste à exister, à dire qu'ils sont là, qu'ils voudraient bien qu'on leur montre le chemin. Le truc, c'est qu'ils savent pas le dire. Faire le cake et tout le reste, c'est comme ces filles qui se maquillent comme jamais, c'est pareil. Je veux dire, si elles font ça, c'est pas pour coucher ni rien de ces conneries. C'est juste pour faire croire qu'elles en sont capables. Parce que comme ça, y'a un tas de mecs qui les regardent et ça leur donne l'impression d'être quelqu'un, d'être l'attention de quelqu'un je veux dire.

Alors voilà, le monde c'est déjà assez compliqué comme ça je trouve. Faudrait vraiment qu'on apprendre à s'accepter comme on est.

Vous croyez pas ?
  
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