Part III : Créatures
« - Les rêves ?
- Oui, papa, les rêves
- Mais à quoi sert-il de rêver ?
- A ce qu’ils deviennent réalité !
- Une réalité ? Pouah !
- Quoi ?
- Franchement, Sarah, je ne te comprends pas
- Eh bien dans ce cas, nous sommes deux.
- En tout cas, crois-moi, tu n’iras pas ! »
Mais elle y est allée, évidemment. Oh ce n’est pas qu’elle ne pouvait pas faire autrement, c’était juste qu’elle aimait à croire qu’elle avait un destin. Comme la plupart des adolescents, comme la plupart des solitudes, elle ne rêvait qu’une d’une seule chose : d’interludes. Et tuer ces maudites habitudes.
Diamant, or, platine, il les avait tous pendus, un à un. Bijoux parés à leur cou. Les disques, chiffres sous masques, empires sans marque et cloaques aspergés de leur enfances à toutes. Et de leurs souffrances aussi. Dégoulinant, dégoûtant, offerts aux plus beaux sentiments, aux plus sombres, aux ombres… Commercial et qui règne. Sans gène,
Sans gênes.
Elle s’assit en face de lui : sourire carnassier et dents d’ivoire. Encéphalogramme plat. Luminescent la nuit sans doute. Jamais rassasié. Suspect. Beaucoup trop suspect. Sarah est là. Elle le voit. Oui, bien sûr, il n’attend plus que ça, qu’elle se déshabille ici et bas. De toute façon, elle se disait bien qu’il faudrait passer par là, par ces sentiers-là.
Parce qu’elle n’avait jamais rien chanté, enregistré. Mais pour le président, à l’évidence, cela n’avait aucune importance, car, désormais,
Il la voulait, en toute
Confidentialité,
En toute
Conformité.
Part III : Créatures
Il y a de l’or sur leurs murs
Luxure de l’édifice
Le pouvoir dans le vice
Surmontés de leur caprices
Aux gouffres de leurs précipices
Tu voudrais tant leur ressembler
Etre un portrait de Rosy Mac Toad
Mais maintenant il faut
Que tu chantes
Que tu danses
En nouvelle créature
En violation de ta nature
Et en toute désinvolture…
Héroïne tu t’es prostituée
Pour des rêves de liberté
Pour l’absolution de leurs pêchés
Acoquinée à leur variété
Dans ta peau de pêche,
Le fruit consumé.
Héroïne, ne vois-tu donc pas
Qu’ils vont te déshabiller
Te consommer
Te consumer ?
A volonté !
Pourquoi fermes-tu les yeux ?
Pourquoi n’es tu plus qu’un vœu ?
Sous le rideau de leurs pénibles aveux
Entre les mains de tes affreux.
Les baisers de ta survie
Est-ce là ce que tu veux faire
De ta vie ?
Dans ce lit ?
Robe échancrée, lèvres sucrées
Tes hanches sur un air de soumission
De défloraison
Casting, dancing and singing
Héroïne ta vie ne tient plus qu’à un fil
Celui de ton string…