[./justine1.html]
[./justine2.html]
[./justine3.html]
[./justine4.html]
[./justine5.html]
[./trashpalace.html]
[./accueil.html]
[./biographie.html]
[./rockaddictions.html]
[./cadavresexquis.html]
[./rockstories.html]
[./hdmg.html]
[./hdmg.html]
[./ilestelle.html]
[./songs.html]
[./expo2087.html]
[./heroine.html]
[./candy26sandy.html]
[./poemes26nouvelles.html]
[./salem.html]
[./lamoureux.html]
[./justine.html]
[./lesmauxdamour.html]
[./presse.html]
[./video.html]
[./liens.html]
[Web Creator] [LMSOFT]
- Les Amour-Eux -


      Justine était trempée. Sa solitude était encrée au plus profond de sa chair. Indélébile. Ca la crevait. Ca se voyait que trop bien. Elle n'attendait plus rien. Plus rien de son histoire. Sinon l'épilogue, la fin. Ce soir-là, la nuit était tombé sur le lac endormi, gelé à ce terrible hiver qui se déposait en perles de neige sur les étoiles et sur les pétales qui bordaient le lac. Je m'étais caché dans la petite forêt qui entourait l'eau et tout. J'étais une saleté d'espion, je le savais mais je m'en foutais. Tout ce que je voyais ce soir c'était Justine. Elle faisait les quatre cent pas et quelque fois s'asseyait pour contempler le crépuscule orangé.
      Les fleurs étaient comme recouvertes des gelures de l'hiver, on aurait dit qu'elles pleuraient Justine et tout. Waouh, c'était comme si c'était une fée enchanteresse et qu'elles leur parlaient. Elle leur aurait demandé se baisser, de se courber rien que parce que elle, elle se sentait pas bien, genre seule, abandonnée, sûr que les fleurs l'auraient fait, de se courber je veux dire. Elle s'est alors allongée sur l'herbe encore tout humide de la neige qui était tombée cet après-midi là. Pour preuve, y'avait encore plein de flocons partout dans ses cheveux et ça faisait comme si c'était une princesse avec une couronne de cristal ou quelque chose comme ça. Ca se trouve, c'en était réellement une. Ces choses-là, on peut jamais vraiment savoir. Alors je la regardais. Elle pleurait des fleuves et des fleuves de larmes et même moi qui suis pas trop un gars qui pleure -ça fait trop gamin, vous comprenez- ça me faisait monter des trucs bizarres dans les yeux, comme de l'eau si vous voyez ce que je veux dire.
Bon sang, c'que j'aurais pas donné pour la serrer dans mes bras, faire comme si j'étais un de ces foutus héros qu'on voit dans les films au cinéma, arriver derrière elle et puis la rassurer et tout. C'est à ce moment précis où je pensais à ces conneries-là que je la vis ôter ces chaussures. Elle était pieds nus, comme sur le seuil de la mort, belle, solitaire et prête à traverser le styx de son enfer. Alors elle s'est avancée tout doucement vers l'eau -elle était sacrément froide, l'eau- et puis, corps et âme, là voilà qui s'enfonçait tout lentement dans les abîmes de ses rêves, perdue, noyée dans ses désillusions. On aurait dit une déesse qui portait sa croix et qui voulait partir de là, de la terre je veux dire.
      C'est alors qu'il s'est passé un truc terrible, inimaginable, je sais pas comment j'ai fait mais je suis sorti de derrière mon buisson et me suis précipité dans l'eau pour aller la rechercher et tout. L'eau était salement opaque et on y voyait que dalle. Je la cherchais comme un fou et j'entendais mon cœur qui battait la chamade dans ce silence qui n'en finissait plus de durer, le con. Le pire dans tout ça si vous voulez vraiment savoir, c'est que moi-même j'me sentais tout d'un coup particulièrement bien, paumé dans les profondeurs du lacs. Je m'imaginais déjà ce qu'on écrirait dans la presse, à savoir que deux amoureux s'étaient noyés volontairement dans le lac parce qu'ils pouvaient pas s'aimer à cause de nos parents qui ne comprenaient pas notre amour. Un truc genre Roméo et Juliette. Et puis, tous les gosses du quartier, ils se raconteraient de génération en génération en génération notre histoire, comme ça, tous les deux, on serait une légende, ouais, une légende. Et immortels en plus.

     Et puis j'ai vu comme de la lumière. Waouh, je sais pas d'où ça venait mais c'était super éblouissant de sorte que j'ai pu apercevoir ma Juliette. J'lui ai pris la main, j'lai tiré super fort et voilà qu'à peine une heure plus tard, on était là, assis sur le quai, sur ces vieilles planches en vieux bois pourri et qui craquaient au moindre pas ou geste que l'on faisait. On était là, on avait même pas froid.
      Y'avait les rayons du soleil qui commençait à se lever et à nous éblouir. Mon cœur battait un milliard de fois plus vite que comme d'habitude et comme un papillon sur une épaule, j'lui ai passé mon bras autour de son cou. Alors là, c'est carrément devenu magique. J'voyais plus que ces yeux et j'vous parierai ce que vous voulez que elle, elle se noyait dans les miens, si je puis dire. Elle m'a prit la main - que j'avais fais exprès de laisser traîner à côté de moi au cas où - de ses si jolis petits doigts tout mignons, et puis avec mon autre main je lui ai caressé les cheveux tout doucement, pour pas lui faire mal. Nos regards étaient comme qui dirait en éruption, et nos bouches, enlacées. Bref, la fusion était devenue totale. La perfection de deux corps et de deux âmes qui n'en faisaient alors plus qu'une.

     L'univers brûlait au creux de nos pupilles et les galaxies infinies étaient le sang dans nos veines. C'était en quelque sorte la symbiose du soleil et de la lune, de l'éclat et de l'étoile, de la fleur et du papillon. L'harmonie de l'instant, l'éternité du présent, en floraison de nos émois.
      Vous pouvez dire c'que vous voulez mais si vous voulez mon avis, sûr que ce soir-là, entre Justine et moi, sûr que le paradis n'était plus très loin d'ici...
© 2008 – Pascal Pacaly Site Officiel - Tous droits réservés
Design by LiLi